5 AVRIL - PREMIER ROMAN Grande-Bretagne

David Whitehouse- Photo DR/PLON

Malcolm Ede, dit Mal, pèse six cents kilos. L'homme le plus gros du monde a mis vingt ans pour en arriver là. Il ne sort plus de chez lui, est surveillé par des médecins, des psychiatres, lavé par une mère dévouée. Enorme "couverture humaine", Mal occupe toute la largeur du lit, "deux de 160 et un de 90 réunis". Le frère aîné du narrateur du premier roman de David Whitehouse a passé vingt ans couché.

Enfant, il était déjà différent. Il lui arrivait de ne pas s'habiller pendant plusieurs jours d'affilée. Et aussi de se déshabiller dans un supermarché, dans un aéroport, sans crier gare. A l'école, il se fichait déjà pas mal de ce qu'on pensait de lui. L'une de ses camarades, Lou, lui envoyait des lettres d'amour alors qu'il n'avait que 13 ans. La belle Lou ne laissait pas insensible le frère de son petit ami qui aurait bien aimé prendre sa place.

Le cadet partageait la chambre de Mal et devait essayer de ne pas toujours jouer les seconds rôles. Il accompagnait parfois son père à la pêche. Un père qui avait travaillé en Afrique du Sud, dans une mine à l'ouest de Johannesburg où il installait des ascenseurs, avant que cela ne tourne mal. Pas très doué à l'école, le cadet a ensuite trouvé un boulot dans une boucherie. L'évolution morphologique de Mal, le narrateur l'a suivie au jour le jour. Jusqu'au moment où Mal a décidé de rester au lit, à l'âge de 25 ans, de ne plus se lever. Plus jamais. Obligeant les siens à composer avec la situation.

Couché distille une ambiance étrange, un malaise constant. Journaliste qui collabore au Guardian, à Esquire ou au Sunday Times, David Whitehouse décrit une famille pas comme les autres, les tourments de l'enfance et de l'adolescence. Il interroge en creux notre rapport à la normalité et au monde qui nous entoure. Les liens qui unissent ou désunissent les êtres. Un coup d'essai qui mérite d'être remarqué.

Les dernières
actualités