16 août > Premier roman France > Camille Brunel

Dans le civil, le jeune Camille Brunel est professeur de lettres. Il a même publié, en 2011 chez Gallimard, une Vie imaginaire de Lautréamont. Il est aussi végan et "animaliste", c’est-à-dire militant de la cause animale, noble combat à l’origine - devenu aujourd’hui une mode -, porté par des associations comme L214 et d’autres, qui font parler d’elles régulièrement par des actions coups de poing. On espère pour ces gens - et pour nous, reste de l’humanité - qu’ils ne deviendront jamais des Isaac Obermann, le "héros" de Brunel, un ayatollah, un fou furieux qui ne va pas hésiter à massacrer des milliers d’êtres humains - notamment lorsqu’il fait sauter le barrage des Trois-Gorges, en Chine, provoquant un gigantesque et meurtrier tsunami - soi-disant pour sauver des animaux en danger, maltraités, chassés, en voie d’extinction.

Tout commence au Rajasthan, Etat du nord de l’Inde, dans le parc national de Ranthambore, quand Isaac, qui campe dans la jungle, exécute une chasseuse yankee et deux braconniers indiens, qui venaient d’abattre une tigresse enceinte et un éléphanteau. Œil pour œil, défense pour défense! Illuminé, kamikaze, il va passer sa vie à traquer, éliminer tous ceux qu’il considère comme de nouveaux nazis, ses ennemis, et ceux de ses amis à quatre pattes, pour faire simple. Ainsi un équipage de baleiniers japonais, des chasseurs kirghizes, ou encore le public d’un parc aquatique, sans parler de tous les Chinois de la vallée inondée.

Tout cela se passe dans le futur, certes, mais relativement proche (Isaac s’endort en 2045), et la problématique est de plus en plus actuelle. Le roman est intelligent, bien écrit, un peu long toutefois (les "exploits" d’Isaac sont un tantinet répétitifs), volontiers abracadabrant et surtout angoissant: faudrait-il, pour sauver les animaux, faire disparaître les hommes, leurs ennemis mortels?

J.-C. P.

Les dernières
actualités