Charles-Charlie Cookers, le narrateur, est, comme son nom l’indique presque, un cuisinier néo-zélandais, quadragénaire et végétarien (mais il s’adapte). Autrefois marié à une Française, il a quitté son restaurant de la Réunion pour un job en or, en apparence. Il est embauché pour un an, fin 2015, comme cuistot de la Mission 66, en résidence sur la base scientifique de New Aberdeen, une île volcanique totalement perdue dans les terres australes françaises. Avec lui, neuf autres résidents : Jacques (un marin), Hector et Jérôme, trois militaires un peu "relous", Benoît, un jeune montagnard ornithologue, Yves, dit Marshall, le chef de base, à la fois OPJ et gérant postal, Sandra, une biologiste, spécialiste des otaries, végétalienne, Géraldine, sismologue et chimiste, une fille agressive, Alexis, un botaniste introverti, et Nicolas, le toubib.
Au début, "sur l’île, tout était facile", note Cookers. Mais, petit à petit, des animosités apparaissent, des clans se forment. L’hiver arrive, terrible, et le camp ressemble à une espèce de "Loft story", la réclusion exacerbant les tensions. Et puis la parabole est arrachée, plus d’Internet… Peu importe : la mission s’achève, on fait la fête avant de rentrer. Sauf que le Baron Dufresne, le bateau qui doit venir chercher les nouveaux Robinsons, n’arrivera jamais. Et qu’ils resteront bloqués sur New Aberdeen jusqu’en 2021, oubliés de tous - du moins ceux qui auront survécu.
Estelle Nollet, baroudeuse elle-même, signe avec Community un livre ambitieux, à la fois roman d’aventures, thriller d’anticipation et d’alerte écologique. Moderne, séduisant, même si parfois à la limite du vraisemblable.
J.-C. P.