Jason Mulligan, blogueur vedette du site BookHebdo-PointEfère, rentre de la plage quand il découvre un SMS sur son iPhone : «  T'es au courant pour Ouellebeurre ?  » Jason, qui est un garçon très ordonné, répond qu'il a rangé le beurre dans le frigo avant de partir. Mais son correspondant lui répond : «  Non, Ouellebeure, l'écrivain. Il a disparu !  » Jason est atterré. Déjà qu'il n'avait pas le moral : il avait prévu de se rendre, ce soir-là, à une veillée saucisson-électro en mémoire de DJ Mehdi (Aaah « Signature   », Aaah « I'm somebody »... quels chefs d'œuvre !). Mais là, c'est trop énorme ! Ouellebeure disparu ! Jason pianote frénétiquement sur son iPhone. Et il découvre que la planète web est en ébullition. «  Ouellebeurre aurait été enlevé par Al-Quaida  », croit-on savoir sur Twitter. Mince ! Il paraîtrait que l'auteur de La possibilité du Nil n'aurait plus donné de nouvelles depuis le 11 septembre. Tout s'expliquerait. Mais Jason poursuit sa net-investigation. L'affreuse nouvelle de la disparition de Ouellebeure serait partie d'un quotidien francophone, La Libre Wallonie . L'information aurait notamment été reprise par Rut-90 et le Bigarreau . Ouellebeure devait se rendre dans le Bénélux, pour une tournée de promotion de son dernier ouvrage, La Carte ou le Menu ? qui venait d'être traduit en flamand. Mais Ouellebeure n'a, semble-t-il, jamais franchi le Quiévrain. Et les réactions de pleuvoir sur le Net : «  Depuis la mort de Clément, son chien, en mars dernier, je me doutais que cela se terminerait ainsi  », écrit une internaute éplorée (authentique !) Et Jason de frémir de plus belle, à une terrible hypothèse : Et si c'était Clément qui avait écrit tous les livres de Ouellebeurre ? Plutôt que de devoir avouer l'imposture, Ouellebeure aurait préféré disparaître. «  C'est pire que cela  », confie un ami à Jason : «  Non seulement Clément écrivait les livres de son maître, mais il plagiait ceux de Joseph Macaron-Scanné.  » Si c'était vrai, le scandale serait énorme. D'autres internautes envisageaient plutôt une disparition médiatique, orchestrée pour relancer les ventes de l'écrivain. «  Ça ne tient pas la route, leur répondaient des contradicteurs. Ouellebeurre n'a pas besoin de ça, son dernier livre s'est très bien vendu  » (toujours authentique !) Chez Flemme, son éditeur, le standard menaçait d'exploser. Mais Sainte Teresa, la patronne de la maison, restait d'un flegme admirable. Ce n'était pas la première fois que Ouellebeure répondait aux abonnés absents. N'empêche, Jason en était tout rêveur. En 2011, combien d'écrivains pouvaient prétendre à ce que leur moindre petit coup de calcaire provoque un tel emballement médiatique ? Si c'était encore à prouver, la démonstration est sans appel : Ouellebeurre est une star. Et pas un demi-sel...
15.10 2013

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