Tomber sous le charme, le volume que propose Le Mot et le Reste, excellente maison marseillaise, a pour sous-titre Chroniques de l’air du temps. Dominique A. y rassemble les billets et les chroniques qu’il a signés au fil des années dans les pages d’Epok, de TGV Magazine, des Inrockuptibles ou du Monde des livres. L’occasion d’évoquer en prologue l’adolescent qu’il fut. Celui pour qui aimer la musique alternative était d’abord affaire de mots. Celui qui allait acheter à Nantes un maxi 45-tours, trois titres des Sundays après avoir lu l’emballement d’un certain Michka Assayas dans un mensuel devenu depuis hebdomadaire.
En plus d’être le chanteur, le compositeur, le musicien et le poète qu’on connaît, l’auteur de Y revenir (Stock 2012, repris en Points) est un formidable passeur. Quelqu’un qui ne cesse d’inviter "à jeter un œil par-delà le mur épais du mainstream et du tout-venant culturel", de donner envie de lire ou d’écouter autre chose. Le voici qui recommande un album de Sufjan Stevens en demandant qu’on lui fasse confiance. Qui clame : "La vie est trop courte pour s’emmerder avec des chefs-d’œuvre." Qui parle de brume à propos de la voix de la trop méconnue Bridget St. John. Qui entend par hasard une compilation des vieilles romances de Julio Iglesias dans une pizzeria.
Dominique A. rend hommage à Michel Duval des Disques du Crépuscule, s’adresse au défunt Daniel Darc, supplie pour qu’on réédite Barbara du féroïen Jorgen-Frantz Jacobsen alors épuisé chez Actes Sud - et réédité grâce à lui dans la collection "Babel". Ecoutons-le parler de lui "brièvement". Des livres du Temps qu’il fait qui "nous regardent droit dans les yeux". D’une exposition de Jacques de Loustal à Cherbourg. Du dessinateur Raymond Macherot ou d’ouvrages de Karel Schoeman et de Michael Köhlmeier. Le tout avec un même cœur, une même précision et une même plume qui ne se regarde pas écrire.
Al. F.