Avant-critique Récit

Jardins secrets. Amoureux des jardins et des parcs depuis son enfance à Rome, Marco Martella a été conduit par les hasards de l'existence jusqu'en France, où il est devenu écrivain et jardinier. Il est établi depuis quinze ans dans un petit village perdu de la Brie, où l'on pourrait croire qu'il ne se passe jamais rien. Faux. Il y a la nature, omniprésente, surtout au mois d'octobre, son préféré, la saison des plantations. Il y a les vergers, les anciens jardins de curé plus ou moins laissés à l'abandon dont quelques arbres, seuls, témoignent de l'attention passée. Des vignes, même, cultivées dans la région jusqu'en 1864, arrivée du phylloxéra. Les petits bois « sans maître » et les « sacri bosci », les jardins mystérieux, qui rappellent celui de Bomarzo, non loin de Rome et de la tour de Chia, que Pasolini a habitée à la fin de sa vie. Ça, c'est Ibrahim, le vieux monteur et guide à Cinecittà, figurant sur le tournage de Médée avec la Callas, qui raconte.

Car le plus beau, dans ce livre tendre et mélancolique, ce sont les portraits de gens rencontrés, les conversations de l'auteur avec eux, souvent autour du jardin, mais aussi de la vie, du temps qui passe... Non loin de chez Martella, n'y a-t-il pas le village de Saint-Loup, avec son église qui a inspiré Proust ? Il faut écouter Pascal, le facteur taiseux, dire « il faut continuer à planter » ; Cyril, le prof de fac retraité, qui avait, lycéen, fréquenté Beckett ; Ludovic, « un penseur de province » ; ou encore Suzanne, qui, à défaut de devenir écrivaine, a réussi son jardin, donc sa vie.

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