Né le 13 octobre 1925, dans l’Eure-et-Loir, dans la plate Beauce, pas loin d’Illiers, patrie proustienne, il signait sous le nom de Massin, mais utilisait également plusieurs pseudonymes comme Claude Menuet, Jacques Brells, leslie Grant, Laurent Dherbécourt. Formé par Pierre Faucheux, il débute avec le Club français du livre et le Club du meilleur livre.
En 1958, le nouveau directeur général de Gallimard, Claude Gallimard, le fait entrer dans la maison. Il va marquer le début d’une longue collaboration, transformant l’image de la maison, redessinant le logo « NRF », supprimant le terme librairie des couvertures. Il commence à imposer son style avec les collections de poésie et de théâtre. Exercices de style ou Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau et La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco deviennent des classiques en matière de direction artistique. Il ouvre la voie vers une nouvelle manière de mettre en scène les livres, 30 ans après Cassandre.
Débauché par Hachette
Début 1979, « Massin est débauché par Hachette-Réalités au grand dam de Gallimard dont il était le directeur artistique. C'est une fantastique prise de guerre pour la maison, car ce type-là est un as du graphisme » rappelle dans Livres Hebdo Jean-Loup Chiflet. Massin explique dans son entretien à Livres Hebdo : « j’étais encouragé au départ par Bernard Fixot, alors directeur commercial de Gallimard, qui m’incitait à le suivre chez Hachette où il était parti prendre la direction des Editions N° 1 ». La séparation avec Gallimard fut « violente ». Cela ne dure qu’un an puisque Lagardère reprend Hachette.
En liberté
Il a également crée l'association Typographies expressives, qui publie Les Zazous en 2009 sous le nom de Claude Menuet. Il a écrit de nombreux ouvrages de réflexions sur le graphisme (La mise en page, chez Hoëbeke, Azerty, l'alphabet du monde chez Gallimard, entre autres), des essais (notamment Comment je suis devenu graphiste, autoédité, et Style et Écriture : Du rococo aux arts déco, chez Albin Michel), quatre romans (La branle des voleurs et Les compagnons de Marjolaine à La table ronde, La dernière passion, chez Albin Michel et La cour des miracles, chez Payot), des livres de mémoires (Une enfance ordinaire et Le pensionnaire chez Gallimard).. On lui doit aussi des livres jeunesse (Jouons avec les lettres, Jouons avec les chiffres, tous deux au Seuil jeunesse, Le monde sens dessus dessous et Le Piano des couleurs, chez Gallimard jeunesse), un Journal en désordre 1945-1995 (Robert Laffont). Sans oublier son autobiographie, D’un moi l’autre : une traversée du siècle, publiée chez Albin Michel en 2016.
De son art, il analysait les tendances actuelles ainsi : « J’ai toujours eu une admiration pour le travail des Suisses - notamment les éditions Diogenes -, des Italiens, des Allemands et même des Hollandais. Mais, depuis quelques années, j’éprouve un sentiment d’uniformité. Par exemple, les collections de romans étrangers, qui épousent toutes les mêmes contraintes, y répondent en se ressemblant toutes plus ou moins. Chaque couverture prise séparément est souvent réussie, mais quand vous regardez de loin une table en librairie, vous avez un peu l’impression que tout est pareil. »