Avant-Critique Récit

Rien ne dure vraiment longtemps est un des livres les plus curieux de cette rentrée littéraire. Dans un blurb, Virginie Despentes salue en lui « le premier grand roman français sur le crack ». Si ce n'est que l'auteur, Matthieu Seel, ne le présente pas comme un roman, mais comme un récit autobiographique, et que le crack n'en est qu'une des composantes, la conséquence d'un mal-être plus profond, d'un drame intime qui commence dès l'enfance et aura du mal à s'estomper. Métis né sous X en 1983, il a été adopté cette même année et prénommé Matthieu par une famille parisienne bourgeoise, cultivée, ouverte. Il a un frère aîné, et une sœur cadette, d'origine indienne.

Bon élève, fréquentant le lycée Montaigne... tout aurait pu se passer sans encombres. Mais son frère commence à déraper, le père le frappe, et Matthieu lui-même dévisse : il se met à fumer du haschich, à fréquenter des racailles (Abou Hamza, ou les frères Kouachi, futurs terroristes), et va devenir un petit voyou. Dealer, bagarreur, rebelle à toute morale et autorité. Malgré quelques épisodes de normalisation, son parcours ne sera plus qu'une longue descente aux enfers, où il aurait pu mourir mille fois. Il nous le compte sans détour, sans rien nous épargner, non sans humour parfois, et dans une langue qui confine à la poésie. Le garçon est cultivé, gros lecteur, en particulier du Michaux de Connaissance par les gouffres. Sauf que Michaux ne se défonçait pas, lui, il explorait. Matthieu Seel est un miraculé qui, semble-t-il, a trouvé sa rédemption, grâce à une femme bien sûr. Et à l'écriture.

 

Matthieu Seel
Rien ne dure vraiment longtemps
HarperCollins
Tirage: 8 000 ex.
Prix: 18 € ; 208 p.
ISBN: 9791033911296

Les dernières
actualités