A mi-parcours de la rentrée littéraire, un triste bilan s’impose : aucun des livres publiés depuis la fin août n’a remporté le prix… du scandale. Le procureur Jean-Claude Marin a superbement ignoré le Roman français de Frédéric Beigbeder (Grasset), Mme Ben Ali n’a pas réussi - pour des raisons de procédure mal ficelée… – à faire interdire en référé La Régente de Carthage (La Découverte). Quant à Hold-up, arnaques et trahisons (édition du Moment), ses auteurs n’ont pas été assignés et leur brûlot n’a pas empêché les socialistes de s’auto-référender en toute quiétude dans la foulée. Certes, de bonnes, voire d’excellentes ventes pour ce trio, mais pas de quoi égaler notre ministre de la Culture. La mode serait-elle au réchauffé ? La tendance avait été lancée par François Bayrou, en mai dernier, lorsqu’il avait stigmatisé Le Grand Bazar, un ouvrage signé Daniel Cohn-Bendit,… 24 ans plus tôt. Avec le succès électoral que l’on sait ! Tintin au Congo , publié originellement en 1931, a bien failli revenir pour la énième fois en une de l’actu judiciaro-littéraire, avant qu’Alain Mabanckou ou Pierre Assouline ne rediculisent l’attaque, qui risque néanmoins de perdurer. Mais, c’est finalement un opus de 2005, intitulé La Mauvaise Vie qui a suscité le plus d’« unités de bruit médiatique » (comme on dit dans Stratégies ou CB-News ). Il faut dire que le canon entonné à tue-tête par Marine, Manuel (qui avait déjà fait écho il y a peu au papa de Marine en déplorant l’absence de « Whites » et de « Blancos » sur le marché d’Evry), Arnaud et surtout Benoît, a été largement entendu. Notre ministre de la Culture en était encore à présenter au CNL ses mesures pour le livre et la lecture que sa Mauvaise Vie (en version poche) s’envolait déjà en librairie. Vérification effectuée sur le site d’Amazon par l’auxiliaire de justice auteur de ces lignes, samedi 10 octobre au matin, 36 heures exactement après le passage du ministre-écrivain au journal de 20 heures devant une présentatrice se voulant intervieweuse incisive avant d’avouer en direct n’avoir lu qu’un seul chapitre de l’ouvrage litigieux, la Mauvaise Vie caracolait en tête des ventes toutes catégories confondues. Un d’autant plus joli score que la Mauvaise Vie s’était écoulé à 180 000 exemplaires l’année de sa sortie. Travailler à la TV ne fait pas lire, mais qui a dit que celle-ci ne fait plus vendre ? Reste, pour le juriste, à examiner le problème : faute d’apologie du tourisme sexuel, mon exemplaire du livre de Frédéric Mitterrand est rangé aux côtés des œuvres de son oncle ; je n’ai guère été tenté de le classer dans mon Enfer, juste après Mirabeau ( Erotika Bilbion , etc.), qui s’est lui-aussi piqué de politique et de sexualité. Mais le moraliste (que je ne suis pas) dirait surtout « Le crime ne paie pas ! ». Il n’est pas sûr qu’Arnaud et Manuel qui publient l’un et l’autre un ouvrage en novembre, connaissent le même succès de librairie. Manuel publiera Pouvoir chez Stock (qui n’est pas encore classé sur Amazon, s’il l’est un jour…), et peut se vanter d’être 137 612 ème avec Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche (chez Robert Laffont, heureux éditeur d’origine de… La Mauvaise Vie ). Arnaud, quant à lui, publiera le 12 novembre chez Flammarion, Tout est à recommencer , qui en est pour l’heure à la 869 000 ème place au stade des pré-commandes. Arnaud, tu as bien raison, cher ex-confrère : pour réussir ton coup de néo-puritain, Tout est à recommencer .
15.10 2013

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