2000

Michael Ondaatje est un poète sri-lankais que tout le monde prend pour un romancier canadien. Il y a deux raisons à cela : le succès international du Patient anglais, qui se compte en millions d'exemplaires. Et Le fantôme d'Anil (prix Médicis étranger), livre étrange et inquiétant dont l'héroïne est une médecin légiste, ce chaman des temps modernes qui sait faire parler les os des morts. On me permettra de leur préférer Un air de famille. Sous prétexte d'évoquer la mémoire familiale, c'est à un feu d'artifice romanesque que se livre Ondaatje, avec fusées éclairantes, feux de Bengale et bouquet final. Avec, au passage, un bel hommage à Rudyard Kipling et à ses Histoires comme ça. Disciple de John Berger, le génial auteur de G, à qui il fait toujours lire ses manuscrits avant même de les montrer à son éditeur, Ondaatje possède un sens plastique très rare chez les écrivains anglo-saxons, toujours préoccupés de narration et de vraisemblance. On verra dans son prochain livre, La table des autres, que ce talent est demeuré intact.

Les dernières
actualités