Monique Nemer est née le 18 juin 1938. Alors qu'elle n'a que 12 ans, sa mère meurt de la tuberculose, dont elle sera elle-même également atteinte. Lorsque son père décide de partir en province, elle préfère rester seule et pauvre à Paris. Elle obtient son baccalauréat à 16 ans et devient institutrice.
Agrégée de lettres modernes en 1968, professeur émérite de littérature comparée à l'Université de Caen, elle commence une carrière de collaboratrice au Monde des livres grâce à Josyane Savigneau. Sa carrière d'éditrice va débuter après sa rencontre avec Françoise Verny. En 1986, elle entre chez Flammarion. Cinq ans plus tard, Claude Durand, alors P-DG de Fayard, la nomme directrice éditoriale de Stock, poste qu'elle conserve durant six ans.
En 1997, elle quitte Stock avec fracas, suite à "une brouille mémorable" avec l'éditeur. Monique Nemer est alors nommée conseillère du P-DG d'Hachette Livre, Jean-Louis Lisimachio, dont Stock et Fayard sont des filiales. Elle y a notamment pour mission de porter un regard scientifique sur les manifestations liées à l'histoire du groupe et se rapproche de Jean-Luc Lagardère, P-DG de Lagardère groupe auquel Hachette Livre appartient, qui la consulte régulièrement. En 2002, elle signe une tribune dans Libération pour défendre Hachette quand le groupe est la cible de la profession alors qu'il est candidat au rachat des activités éditoriales de Vivendi.
Conseillère de l'ombre
Son titre de conseillère lui confère une réputation d'entremetteuse hors-pair dans les affaires. Conseillère de l'ombre, elle savait mettre en relation des personnalités et des amis dont les parcours n'étaient pas forcément communs. Proche de Lionel Jospin, elle a coordonné son comité de soutien lors de la campagne présidentielle de 2002.
Monique Nemer a été parallèlement l'auteure de plusieurs livres. En 2002, elle publie une biographie qui fait référence sur l'écrivain Raymond Radiguet, chez Fayard, et préface la réédition de son plus célèbre livre, Le Diable au corps (Grasset, 2003). Elle signe ensuite un essai remarqué sur André Gide, Corydon citoyen : essai sur André Gide et l'homosexualité (Gallimard, 2006, finaliste du prix Femina essai) et un recueil sur les Pamphlets, pointes et diatribes les plus acerbes du XIXe siècle (Editions du Chêne, 2011).
En 2013, les PUF éditent Manger, mode d'emploi?, une série d'entretiens avec qu'elle a enregistrée avec Claude Fischler, évoquant les coutumes alimentaires en tant que fait social et modèle culturel. Elle a également préfacé et traduit Le tour d'écrou d'Henry James (Le livre de poche, 2014).
Enfin, il y a un an chez Eyrolles a paru son dernier livre, Emile, patriarche des Servan-Schreiber, biographie du fondateur du journal Les Echos et père de son ami Jean-Louis Servan Schreiber. A travers l'œuvre de Monique Nemer se lit son amour pour le romanesque et le romantisme, son goût de décrypter les zones d'ombres de nos désirs que Radiguet ou Gide savaient si bien décrire.