29 avril > récit France

"Madame rêve", c’est lui. Comme "C’est la ouate" et d’autres chansons fameuses dont il a également écrit les textes. Pierre Grillet, on le connaît sans le connaître. Le parolier, il est vrai, est toujours en retrait derrière l’interprète. Véritable homme de l’ombre, c’est un discret dont d’autres mettent en bouche les mots. Ce qu’a fait avec le succès que l’on sait Alain Bashung dont Grillet n’a jamais oublié l’exigence, le refus de se répéter. Aujourd’hui, celui-ci prend la plume pour s’essayer à un autre format. Le temps d’un petit livre qu’on lit comme un adieu. Un tube dont le refrain dit encore et encore : "Natasha".

Au cœur de ces pages mélancoliques, il y a une femme dont il a aimé "le détail et le tout". La dame était du genre compliqué. Du genre sublime aussi. Un hiver, il lui est arrivé de se nourrir exclusivement d’opium et de Nutella. Natasha, il l’avait d’abord croisée aux Bains, puis à New York, au club Fifty-Four. On la disait mariée. Rapidement, il lui suffit de la respirer pour la désirer. Comme au Plaza Athénée, lorsqu’elle le rejoint pour boire du champagne avec une combinaison-pantalon pied-de-poule qui laisse voir ses chevilles.

Ces deux-là ont été amants, complices. Jusque dans la chambre 17 de la Maison Carmelle, une clinique en Suisse où la belle essayait de soigner ses démons. Impossible de se détacher d’une princesse de naissance qui avait vu le jour un 22 août et s’en est allée à 49 ans. Natasha s’était promis de ne jamais vieillir, de ne pas travailler. Elle était capable "de suspicions éternelles, de manipulations idiotes ou savantes, capable de tout sacrifier à une idée fixe". Telle le mercure, elle finissait toujours par vous filer entre les doigts. Grâce à Pierre Grillet, la revoilà éclatante.

Alexandre Fillon

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