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Moulinsart poursuit un peintre breton qui mixe Tintin avec Edward Hopper

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Moulinsart poursuit un peintre breton qui mixe Tintin avec Edward Hopper

La société gérant les droits de Tintin n'a pas apprécié l'œuvre contemporaine de Xavier Marabout, qui intègre les personnages de Tintin dans l'univers des toiles d'Edward Hopper, entre érotisme et nostalgie.

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Par Vincy Thomas
Créé le 11.03.2021 à 15h50

C'est un fait connu: on ne parodie pas Tintin. La société Moulinsart, détentrice des droits du héros d'Hergé, poursuit un peintre d'Auray (Morbihan), qui a osé imaginer la vie sentimentale du reporter, éternel célibataire, révèle Ouest-france dans son édition du 9 mars. L'audience s'est tenue le 8 mars. Moulinsart réclame 12500 euros de dédommagement.

On peut y voir entre autres Tintin en jean's et torse nu, Tintin lisant Psychologies magazine, Tintin embrassant une femme sous un pont à New York, ou accompagné d'une femme en porte-jaretelles sur une moto, plusieurs toiles où Tintin croise des "pin-ups", mais aussi des situations plus routinières dans une Amérique "fifties". Xavier Marabout, spécialiste du "mashup", fusionne ainsi Tintin dans les univers d'Edward Hopper.

Moulinsart reproche à l'artiste d'avoir reproduit les personnages d'Hergé sans l'accord des ayant-droits, profitant ainsi de la notoriété de la Bande dessinée. Moulinsart n'y voit aucun humour, même décalé, mais lui reproche au contraire de mêler Tintin à un univers érotique. Plus étonnant, l'avocate de Moulinsart, citée par Ouest-France, rappelle, qu'Hergé n'avait jamais impliqué les femmes dans son œuvre "parce qu'elles sont rarement des éléments comiques".

23 toiles ont été peintes, dont certaines ont séduit des directeurs de galerie.
 

La sexualité de Tintin a toujours été un sujet de débat (jusqu'à voir des créations où on le voit embrasser le Capitaine Haddock à Paris et en Belgique). Mais il s'agit avant de tout de propriété intellectuelle. Entre le droit d'auteur et la liberté de création, Moulinsart n'en est pas à son premier procès. Il y en a même eu plus de 300 depuis la mort d'Hergé en 1983. Cas le plus récent, Pascal Somon avait été condamné en 2019 à dix mois prison avec sursis pour contrefaçon en ayant fait commerce de dessins de Tintin, signés de sa main, à travers la vente d’originaux et l’impression d’affiches. En revanche, en 2015, les héritiers d’Hergé ont perdu face à la justice des Pays-Bas contre l’Association Hergé Genootschap, un club de 680 tintinophiles néerlandais fondé en 1999. La cour de La Haye considérait, sur le fondement d'un document datant de 1942, que les textes et vignettes appartenaient à l'éditeur, Casterman.

Dans l'affaire contre Xavier Marabout, le Tribunal de grande instance de Rennes donnera sa réponse le 10 mai.
 

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