Premier bilan

Muriel Beyer, beaucoup d’expérience et un peu de chance

Muriel Beyer - Photo Olivier Dion

Muriel Beyer, beaucoup d’expérience et un peu de chance

L’ancienne directrice éditoriale de Plon a lancé avec succès les éditions de l’Observatoire, département de littérature générale du nouveau groupe Humensis. Elle double sa production cette année, avec 65 titres.

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Par Hervé Hugueny
Créé le 26.01.2018 à 11h02

Nous commençons tout juste à suivre les procédures normales des préparations de mises en vente", reconnaît Muriel Beyer, directrice des éditions de l’Observatoire, le département de littérature générale d’Humensis, dont elle vient d’être également nommée directrice générale adjointe. Après un an de fonctionnement de sa maison, elle exprime toute sa reconnaissance aux équipes d’Union Distribution (UD), filiale de Flammarion (groupe Madrigall), qui ont su intégrer en urgence dans leurs plannings un catalogue de 28 titres, alors qu’il en était prévu 15 à 20 au plus pour ce lancement. Cette année, le programme en liste 65, soit une quinzaine de plus qu’envisagé au départ. "J’ai des éditeurs autonomes, et qui travaillent beaucoup", reconnaît cette éditrice infatigable, stimulée par l’intranquillité. Une embauche est quand même prévue au service de presse, pour compléter l’équipe de 9 personnes. La fabrication, la diffusion et les services généraux sont partagés avec les autres maisons d’Humensis (Belin, Puf, pour les plus importants).

Nouvelle aventure

François Bayrou avait ouvert le bal le 1er février 2017, avec Résolution française (7 600 exemplaires selon GFK). Le président du Modem est un des fidèles de cette passionnée de politique, qui avait publié son premier livre en 1990, alors qu’elle débutait sa carrière chez Flammarion. Il l’avait suivie ensuite chez Plon, où elle a passé seize ans et s’est constitué une solide écurie d’auteurs, dont une partie (Nicolas Bouzou, Alain Duhamel, Denis Lépée, Luc Ferry, Gaspard Koenig, Natacha Polony…) l’a accompagnée sans discuter dans cette nouvelle aventure. L’attelage tire à droite, mais sans œillères. Anne Hidalgo, maire de Paris, est annoncée au printemps (Pour demain, titre provisoire).

Jean-Luc Mélenchon, fondateur de La France insoumise, avait confié à Muriel Beyer De la vertu, petit livre de campagne présidentielle publié en mars 2017, qui défendait une morale de bon comportement en société. A seulement 5 euros, ce fut même la meilleure vente de la jeune maison, jusqu’à l’arrivée d’un autre révolutionnaire : le pape François, totalement imprévu au programme, et proposé par Dominique Wolton qui cherchait un éditeur pour les entretiens menés en toute discrétion avec le souverain pontife. Une "chance", commente modestement Muriel Beyer, ajoutant qu’elle est quand même aussi le fruit d’une expérience reconnue. "Avec l’export, nous en sommes à 45 000 exemplaires", se félicite la fondatrice de l’Observatoire, dont la marque a bénéficié d’une notoriété internationale immédiate, grâce aux ventes de droits dans 20 pays.

Ambition

Michel Onfray - près de 30 000 exemplaires en deux titres, deux autres à venir cette année -, dont l’abondante production mobilise aussi Grasset et Flammarion, ou encore Sébastien Spitzer, auteur d’un premier roman remarqué sur l’histoire de Magda Goebbels (Ces rêves qu’on piétine, 20 500 exemplaires sortis), ont aussi contribué au succès de l’Observatoire. Au total, 8 titres se sont classés dans les meilleures ventes de Livres Hebdo/GFK. "Nous avons réalisé 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en prix public hors taxe, soit 2,2 millions de CA net. Nous sommes en avance sur ce qui était prévu, et à l’équilibre. L’objectif est d’atteindre cette année 6 millions d’euros de CA prix public", annonce l’éditrice.

Plusieurs nouvelles collections vont soutenir cette ambition. ""Des vies et des mots" rassemblera des contributions d’auteurs d’univers différents expliquant comment la littérature a accompagné leur vie. Joann Sfar a démarré cette série avec Le complexe de Shéhérazade, un éloge de la littérature populaire, et sera suivi par Ariane Ascaride, Jacques Gamblin et Jacques Weber", gens de cinéma et de théâtre, dont la notoriété facilitera la promotion. La série est sous la responsabilité de Caroline Glorion, conseillère à l’unité de programmes documentaires de France Télévisions. Adèle Van Reeth, qui présente "Les chemins de la philosophie" sur France Culture et anime aussi "La bibliothèque Médicis" sur la chaîne Public Sénat, dirige "La relève", une collection d’essais "qui vise à découvrir de jeunes auteurs, au rythme de deux par an. Maryline Maeso sera la première, fin février, avec Les conspirateurs du silence, analyse des réseaux sociaux." Gaspard Koenig, publié auparavant chez Grasset, et président du groupe de réflexion Génération libre, au libéralisme revendiqué, dirige "De facto", dont il sera le premier auteur avec Voyages d’un philosophe aux pays des libertés, incarnant par l’exemple l’objectif de la série : des analystes vont sur le terrain pour mesurer leurs idées à la réalité.

Hors de ces collections, la maison a déjà publié cette année Nicolas Baverez (Violence et passions : défendre la liberté à l’âge de l’histoire universelle), Raphaël Enthoven (Morales provisoires, immédiatement dans les meilleures ventes), François Taillandier (Edmond Rostand, l’homme qui voulait bien faire), et a programmé aussi Etienne Klein (Matière à contredire : essai de philo-physique), Hervé Hamon (L’esprit de Mai 68), parmi des personnalités ou auteurs habitués des médias. En dépit d’un démarrage réussi, l’année recommence en effet presque à zéro : les jeunes auteurs littéraires ne sont pas encore installés, et les essais et documents se caractérisent par une courte vie en librairie.

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