L'équipe chargée de rechercher les restes de l'auteur de Don Quichotte, Miguel de Cervantès, est convaincue de l'avoir retrouvé dans la crypte d'une église du centre de Madrid, quatre siècles après la mort de l'inventeur du roman moderne.
"Après analyse de toute l'information (...), il est possible de considérer que parmi les fragments de la 'réduction' découverte dans le sol de la crypte de l'actuelle église des Trinitaires se trouvent certains fragments appartenant à Miguel de Cervantès", a annoncé mardi Francisco Etxeberria, directeur de l'équipe scientifique chargée des recherches.
Les fouilles ont démarré en mars 2014 dans un quartier historique du centre de Madrid, avec caméras infrarouges et scanners en 3D. Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en analysant un faisceau d'indices d'ordre documentaire sur l'auteur de Don Quichotte, indices comparés à leurs recherches anthropologiques et archéologiques sur place, bien que les restes n'ont pas été analysés de manière "génétique".
"Il n'y a pas d'identification confirmée par la voie génétique", a déclaré l'archéologue Almudena Garcia-Rubio. "Nous sommes convaincus que nous avons entre ces fragments, quelque chose de Cervantès", a cependant insisté le docteur Etxeberria.
L'écrivain a passé les dernières années de sa vie dans un quartier du centre de la capitale espagnole, aujourd'hui rebaptisé "Barrio de las Letras", ou "Quartier des Lettres", en hommage à ses célèbres habitants: Cervantès, mais aussi Lope de Vega, et les grands rivaux littéraires du Siècle d'Or, Francisco de Quevedo et Luis de Gongora. Un quartier qui se démarquait à l'époque "par le grand nombre de membres du monde du spectacles et de la bohème, en plus d'auteurs en tous genres qui y vivaient et s'y retrouvaient", selon l'historien Fernando de Prado, qui a soumis le projet de recherche des restes de Cervantès à la mairie de Madrid.
L'auteur de Don Quichotte fut enterré dans ce quartier en avril 1616. Mais on ignorait le lieu exact de sa sépulture, perdue au fil de l'histoire et des travaux d'agrandissement de cette église et du couvent attenant, aux façades de briques rouges.
Pendant des années, il parut difficile de fouiller les lieux, où résident encore des religieuses, de creuser à l'aveugle dans une église classée au patrimoine culturel de la ville depuis 1921.
Les fouilles ont permis de localiser les restes de 300 personnes alors qu'au départ les scientifiques n'en cherchaient que huit.
Les anthropologues n'ont cependant pu confirmer l'identité des restes par le biais de l'une des "caractéristiques spéciales" de l'écrivain, surnommé "le manchot de Lépante" après avoir été blessé à la poitrine et perdu l'usage de la main gauche lors de la légendaire bataille navale de Lépante (1571), remportée par la Sainte Alliance sur les Turcs.
Les fouilles coûtent cependant très chères (on estime le budget à plus de 100000 euros), dans un pays qui n'est pas encore sorti de la crise. Elles suscitent également des critiques quant à l'intérêt, autre que touristique, d'une telle découverte.