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À Nancy, le Livre sur la Place cristallise la rentrée littéraire

Nancy - Photo DR

À Nancy, le Livre sur la Place cristallise la rentrée littéraire

Comme chaque année, la 46e édition du Livre sur la place de Nancy a marqué la première occasion pour les auteurs de la rentrée littéraire de rencontrer un large public français. Récit.

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Par Jacques Braunstein
Créé le 15.09.2024 à 18h20

Inauguré le vendredi matin par un Edgar Morin volontaire, Le Livre sur la Place, festival de la rentrée littéraire de Nancy, s’est déroulé du 13 au 15 septembre dans la capitale Lorraine. L'après-midi, à l’hôtel de ville, la prix Goncourt Leïla Slimani, Mokhtar Amoudi, premier prix Goncourt des détenus et l’avocat et écrivain Alexandre Duval-Stalla (qui collabore à la lettre juridique de Livres Hebdo), ont évoqué l'écriture comme échappatoire à l'enfermement et le prix de la nouvelle de détenu qu’ils organisent.

Au Forum littéraire rebaptisé Bernard Pivot (deux fois président du Festival), Anatole Edouard Nicolo qui s’est vu décerné le Prix envoyé par La Poste pour À l’ombre des choses (Calmann-Lévy), rencontrait quant à lui pour la première fois son public.

À 18h, à l’Opéra de Lorraine, Edgar Morin répondait aux questions de Laure Adler devant une salle comble. « Comment ça va ? » demande la journaliste qui fut son étudiante. « Je fais mon possible », répond, pince-sans-rire le philosophe et sociologue aujourd’hui âgé de 103 ans. Avouant s’être accoutumé à « vivre avec la mort », il ajoute : « Je n’en ai pas peur puisque je n’aurais pas dû vivre », revenant sur la tentative d’avortement de sa mère.  

« Je n’ai jamais pu écrire quand je n’étais pas dans le sentiment amoureux. Les livres sont vivants, ils vivent à travers notre regard », explique-t-il ensuite avant d’évoquer son nouveau livre, un roman inédit écrit dans les années 1940, L’année à perdu son printemps (Denoël) dont des extraits ont été lus par le comédien Philippe Torreton. Le cœur de l’Opéra est ensuite venu interpréter pour lui L’Ode à la joie de Beethoven, hymne européen qui est également son morceau de musique classique préféré.

Edgar Morin, Laure Adler, Philippe Torreton
Edgar Morin, Laure Adler, Philippe Torreton- Photo JB

Un dîner très Goncourt

Le soir, le traditionnel dîner autour du maire de Nancy, Mathieu Klein, réunissait les auteurs et leurs éditeurs et, c’est la tradition, les jurés du Goncourt : Françoise Chandernagor, Pierre Assouline, Christine Angot, Eric-Emmanuel Schmitt… Et surtout le nouveau président de l’Académie, Philippe Claudel, très courtisé comme le reste de son jury.

Beaucoup des auteurs en lice pour le plus prestigieux des prix d’automne étaient d'ailleurs présents, comme Emmanuelle Lambert, Philippe Jaenada, Sandrine Collette, Abdellah Taïa, Carole Martinez ou Thibault de Montaigu… Mais aussi les très remarqués, en ce début de saison, Kamel Daoud, auteur d’Houris chez Gallimard, Gaël Faye, pour Jacaranta chez Grasset, et Olivier Norek pour qui Les Guerriers de l’hiver (Michel Lafon) représente un changement de style qui l’a déjà mené vers la prestigieuse liste.

« Au moment de Nancy, tout est ouvert, c’est le champ des possibles, explique directrice des éditions Denoël, Dorothée Cunéo. Et c’est également le deuxième salon français par la fréquentation. C’est donc assez détendu mais très politique. »

Ce que confirme Frédéric Mora, éditeur d’Abdellah Taïa chez Julliard : « Le livre sur la place cristallise une rentrée littéraire. Par deux aspects au moins, les écrivains rencontrent un intérêt inédit pour eux, celui d’un public local. Mais avec leurs éditeurs ils font également face à des enjeux plus nationaux et littéraires. »

Des prix et de la musique

Comme pour le démontrer, samedi, le Prix Stanislas qui vise à récompenser le meilleur premier roman de la rentrée a été remis à Célestin de Meeûs, dont Mythologie du .12 est publiée par les Éditions du Sous-sol, maison adossée à Julliard.

Autre prix remis lors de ce week-end, le Goncourt de la biographie Edmonde Charles-Roux revient à Geneviève Haroche-Bouzinac, pour Madame de Sévigné (Flammarion). Le Prix Ginkgo du Livre Audio a également été remis à Triste tigre de Neige Sinno, lu par elle-même (Écoutez lire - Gallimard).

Et alors que les auteurs vont de rencontres en signature, on note les queues impressionnantes pour se faire dédicacer le nouveau livre de Valérie Perrin, Tata (Albin-Michel) ou ceux des jeunes autrices de romance, également présentes sous le chapiteau…

Le livre sur la place, Nancy 2024
Nancy- Photo DR

À 19h, dans les jardins du livre et devant plusieurs centaines de personnes, Nicolas Mathieu lit Colette sur des accords de Cascadeur, avant de laisser la place à Camila Sosa Villada, qui lit ses propres textes, toujours accompagnée par le musicien, Victoire de la musique 2015. Ce dimanche, tout le monde attendait avec impatience la lecture-concert de Patti Smith qui a publié plusieurs livres aux éditions Gallimard, l’an passé.

Samedi, la commissaire générale de la manifestation Sarah Polacci se félicitait dans L’Est Républicain de la fréquentation exceptionnelle le premier jour. Dimanche en fin d'après-midi, elle annonçait à Livres Hebdo 135 000 visiteurs sous le chapiteau, un chiffre en hausse par rapport à celui de l'année passée. Tout comme celui des rencontres avec 27 500 spectateurs cumulés tandis que, de leur côté, les libraires partenaires faisaient été d'une hausse des ventes de livres.

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