“Sur la numérisation de notre patrimoine, il n'est pas question de nous laisser déposséder de notre patrimoine au profit d'un opérateur, aussi sympathique, aussi américain soit-il”, a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une table ronde sur les priorités du grand emprunt national organisée le mardi 8 décembre en Alsace.

Si le détail des arbitrages sera précisé le 14 décembre, le président de la République a déjà annoncé quelles seront ses priorités, sans citer Google mais en visant expressément le moteur de recherche américain.

“Il n'est pas question que ce que des générations et des générations ont produit en langue française, nous nous en laissions déposséder simplement parce qu'on ne serait pas capable de mobiliser l'argent nécessaire pour faire nous-mêmes un travail de numérisation”, a-t-il insisté.

Une mission sur la numérisation des fonds patrimoniaux des bibliothèques doit rendre ses conclusions le 15 décembre sur l'éventualité d'un partenariat avec un acteur privé.

Ce même 8 décembre, Frédéric Mitterrand recevait David Drummond, le vice-président de Google, auquel il a notamment indiqué “qu'il n'est pas, par principe, hostile à des partenariats public-privé dans ce domaine”, mais reste sensible aux “risques inhérents à une telle coopération”.

Le ministre de la Culture a également évoqué “la préoccupation de la France devant les projets de l'entreprise américaine en matière de numérisation de livres”.

Il a également rappelé “l'attachement de la France au droit de la propriété intellectuelle”, et souligné “que la question de la numérisation des fonds patrimoniaux ne pouvait être dissociée du problème soulevé par la numérisation des oeuvres sous droits, sur laquelle il souhaite qu'une issue satisfaisante soit trouvée avec les éditeurs français”.

De passage à Paris pour intervenir au salon Web'09, Marissa Mayer, numéro 3 de Google et responsable du projet Google Livres lors de son lancement, a brièvement répondu au président de la République et au ministre de la Culture, dans une interview sur TF1 et LCI : “Jusqu'ici, nous sommes simplement la société qui a le plus avancé sur le sujet. Celà étant dit, il n'y a rien qui empêche d'autres acteurs de faire ce travail de conservation ! Je les encourage à le faire”, a-t-elle déclaré, en ajoutant : “Je ne comprends pas ce que nous reproche votre ministre de la Culture. Après tout, en conservant le patrimoine, nous faisons son boulot”.

La BNF avait entamé des discussions avec Google concernant la numérisation de ses fonds libres de droits, interrompues à la suite de la polémique soulevée par la révélation de ce projet, l'été dernier.

Un procès est également en cours en France à propos du programme de numérisation de Google aux Etats-Unis, qui reproduit des ouvrages sous droits sans autorisation préalable.

Le jugement est attendu d'ici au 18 décembre.