Lectures, en pyjama ou à la bougie, de romans, de poèmes, de polars ou d’histoires qui font frissonner, de pièces de théâtre, de contes ou de textes sur l’art ou la psychanalyse. Pour la Nuit de la lecture, dont la ministre de la Culture a lancé l’idée il y a moins de deux mois (1), les libraires ont fait feu de tout bois. Selon le ministère, ils seront plus de 200 à maintenir leurs portes ouvertes samedi 14 janvier au soir pour accueillir lecteurs et curieux autour d’animations qu’ils se sont efforcés de rendre singulières, voire insolites.
A Lille, Marie-Charlotte Cayet, fondatrice du café-librairie Andy et Marcel, rend hommage à la lecture en testant un concept new-yorkais découvert sur les réseaux sociaux, une "Silent reading party" qui consiste à se regrouper pour lire pour soi.
Repreneuse, l’été dernier, de la Librairie comtoise, à Vesoul, Sophie Bénier propose à ses clients de se transformer en bibliothérapeutes en compagnie de l’auteur de Aux petits mots les grands remèdes (Préludes), Michaël Uras.
Un concept poussé encore plus loin par la librairie d’occasion dijonnaise, Le Barde bourguignon, qui invite les célibataires à venir rencontrer l’âme sœur au milieu des livres. L’ambiance sera également intime au Bleuet, à Banon, où Isabelle et Marc Gaucherand ont aménagé une de leurs pièces en "chambre de lecture" décorée de textes suspendus au plafond dont chacun pourra s’emparer afin de les lire à voix haute.
Grégoire Courtois, qui dirige Obliques à Auxerre, tamisera aussi ses éclairages pour recevoir Sylvie Germain, Angélique Villeneuve et Lucie Eple (Le Tripode). "Cette occasion d’ouvrir la librairie à des horaires inhabituels et dans un cadre moins formel est très plaisante et permet de donner un coup de fouet à la fréquentation à une période traditionnellement calme", apprécie le libraire, qui a choisi de faire venir des auteures hors promotion afin d’orienter les discussions sur un terrain plus sensible, celui du rapport de ses invitées aux livres et à la lecture.
Seule ombre au tableau pour les libraires, l’impossibilité de bénéficier des subventions du ministère, réservées aux bibliothèques. Ravie de prendre part à la Nuit de la lecture, pour laquelle elle fait intervenir un comédien et une auteure jeunesse, qu’elle rétribue, Anne Gaudin-Obermosser (Biffures, à Muret) a toutefois été contrainte, devant les coûts engendrés, de "remettre en question" une nuit de la poésie qu’elle avait programmée en avril. Cécile Charonnat
(1) Voir LH 1106, du 18.11.2016, p. 20-21.