PARTENARIATS

Numérisation des journaux : déjà quatre millions de pages.- Photo DAVID PAUL CARR/BNF

En décembre 2010, la British Library créait l'événement en ouvrant un site Internet donnant accès à 4 millions de pages numérisées de ses collections de journaux. Coût de l'opération pour l'institution : dérisoire. Les frais de numérisation sont en effet pris en charge par l'éditeur en ligne Brightsolid avec lequel la British Library a signé un accord. Celui-ci prévoit la numérisation de 40 millions de pages en dix ans que l'entreprise privée peut en contrepartie commercialiser. Brightsolid compte aujourd'hui 35 000 abonnés, notamment des personnes et associations effectuant des recherches généalogiques, et encaisse des revenus significatifs sur lesquels la British Library touche des royalties. Cette expérience de partenariat public-privé, unique par son ampleur, est aujourd'hui observée attentivement par les professionnels du monde entier. "La question n'est plus de savoir si c'est une bonne solution, si on peut s'en passer, car chacun sait que c'est aujourd'hui incontournable, a souligné Gérald Grunberg, directeur du service des relations internationales de la Bibliothèque nationale de France, lors de la conférence organisée sur ce sujet du 11 au 13 avril à la BNF par la section journaux et le programme Preservation and Conservation de l'International Federation of Library Associations (Ifla). En revanche, la question demeure et fait débat : quelles sont les conditions acceptables d'un bon partenariat public-privé pour nos bibliothèques ?" La Commission européenne a formulé dans un rapport paru en 2010 un certain nombre de recommandations concernant les modalités de ces contrats, mais les modèles économiques restent encore largement à inventer.

La BNF, qui offre déjà 4 millions de pages de journaux numérisées sur les 80 à 100 millions de pages qu'elle possède pour la période 1870-1940, a elle aussi lancé un appel à partenariat en 2011. Mais toute la difficulté consiste à convaincre les candidats du potentiel commercial de l'opération. La BNF a reçu plusieurs propositions de la part de sociétés françaises et étrangères mais a constaté que les collections qu'elle avait sélectionnées ne correspondaient pas aux objectifs commerciaux des entreprises. "Tout le monde était intéressé par la numérisation des journaux microfilmés, plus facile, plus rapide et moins chère à réaliser, ainsi que par la diffusion de contenus déjà numérisés, mais beaucoup moins par la numérisation à partir des documents originaux papier", a expliqué dans son intervention Pascal Sanz, directeur du département Droit, économie de la BNF.

Malgré la complexité, les opérations de numérisation de la presse devraient s'intensifier dans un avenir proche et plusieurs portails verront le jour, en particulier le portail national de la presse numérisée en France et celui pour les journaux en ligne européens, qui sera accessible depuis le site de la bibliothèque en ligne Europeana.

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