La Mort Blanche. « Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, la Finlande vit naître une légende. » Avec ces mots proches du « Il était une fois », le roman d'Olivier Norek s'ouvre à la manière d'un conte du Grand Nord, avant qu'une première déflagration déchire le calme apparent de la forêt, enjambe la frontière finno-russe et pare ces « guerriers de l'hiver »de fusils, de skis et de tenues de camouflage blanches. Lorsque débute, le 30 novembre 1939, cette page méconnue de l'histoire du XXe siècle nommée guerre d'Hiver, la Finlande est une jeune nation de vingt-deux ans, indépendante après avoir longtemps appartenu à d'autres États. Face à l'ours soviétique et à l'Armée rouge de Staline, elle oppose 180 000 hommes, pour la plupart ouvriers ou paysans, et paraît n'avoir aucune chance de l'emporter. « Mais les conflits passés racontent qu'il faut cinq soldats entraînés pour affronter un homme seul qui se bat pour sa terre, sa patrie et les siens, les mains accrochées à sa carabine, sentinelle derrière la porte de sa ferme barricadée. » La Finlande tiendra tête à sa puissante voisine, grâce au courage d'hommes et de femmes viscéralement attachés à leur liberté.
« Certaines histoires vous rencontrent et ne vous laissent pas le choix », indique Olivier Norek à propos de son roman, né de sa découverte du destin de Simo Häyhä, un militaire finlandais surnommé « La Mort Blanche » qui reste considéré comme le meilleur tireur d'élite de tous les temps. De son village de Rautjärvi aux premières lignes du front, le lecteur le suit dans son apprentissage de la guerre, aux côtés de ses camarades, des amoureuses dont ils espèrent les lettres, de Leena l'infirmière volontaire opposée à l'idée selon laquelle « les femmes ne font pas la guerre ». Au cœur de paysages immaculés et hostiles où le thermostat peut descendre en dessous des - 40 °C, Olivier Norek raconte la guerre à hauteur de ceux qui la fabriquent, des haut gradés aux subalternes, des chiens de guerre aux âmes simples qui, pour sauver leur peau, se voient contraintes de tirer. « On tuait, on épargnait, déjà plus rien n'avait de sens, et la guerre d'Hiver n'avait pourtant que quelques jours d'existence. » Entraînante sans céder aux envolées épiques, sa plume nous fait vivre au plus près les conflits intérieurs, les rigueurs extrêmes affaiblissant les corps et la laideur de la guerre qui, en dépit des actes de bravoure et d'héroïsme, ne grandit jamais l'humanité.
Les guerriers de l'hiver
Michel Lafon
Tirage: 20 000 ex.
Prix: 21,95 € ; 448 p.
ISBN: 9782749947204