UN PREMIER ROMAN PAR JOUR

Omar Benlaala, "L'effraction", aux éditions de l'Aube

Omar Benlaala - Photo M. Ramos

Omar Benlaala, "L'effraction", aux éditions de l'Aube

Tous les jours pendant l'été, Livres Hebdo présente un premier roman de la rentrée littéraire. Aujourd'hui, L'effraction d'Omar Benlaala.

Par Vincy Thomas
Créé le 22.07.2016 à 18h40 ,
Mis à jour le 25.07.2016 à 13h18

"Janvier 2016. Alors que les récents attentats occupent le débat public, paraît en France un roman intitulé Histoire de la violence." C'est la première phrase de L'effraction, premier roman d'Omar Benlaala à paraître le 19 août aux éditions de l'Aube.

Une rencontre un soir place de la République, qui a mal tourné, cela rappelle en effet Histoire de la violence d'Edouard Louis (Le seuil). Omar Benlaala se met à la place de "l'autre", Riadh B., alias Reda, actuellement détenu et mis en examen pour viol et tentative d'homicide. Dans L'Effraction, c'est Edouard, alias Hedi, qui va chez lui, et pas l'inverse. La tension sexuelle est palpable mais ce n'est pas le propos.

De cette soirée où un intellectuel croise un plongeur de restaurant, l'auteur n'en fait qu'un déclencheur. Tout est fictif. Ce qui intéresse Omar Benlaala est ailleurs: la double culture d'un parisien d'origine kabyle, le rapport entre l'Islam et la sexualité, les contradictions, de celles qui fracturent l'identité, entre une éducation "traditionnelle" et un quotidien "consumériste". Reda se pose beaucoup de question: comme dans une pièce de théâtre, un sociologue l'écoute, dialogue avec lui pour mieux comprendre les frustrations, les aspirations, les pulsions et les tentations d'un jeune homme qui s'inquiète de ne pas suivre naturellement les pas de son père...

Car L'Effraction est avant tout un récit sur les Algériens de France, de cette deuxième génération déchirée entre le passé colonial et l'avenir occidental, entre les valeurs inculquées et les libertés acquises, entre la pudeur d'un monde déjà ancien et la désinhibition d'une société paumée.

Réda est donc, ici, loin du prédateur pervers décrit dans le livre d'Edouard Louis. En lui redonnant son innocence, en réinventant le fait divers, Omar Benlaala évacue toute polémique: ce n'est pas le sujet. Il s'agit juste de comprendre, ou de chercher à comprendre, ce qui se passe dans les tripes et dans la tête d'un jeune mâle "bi-culturel" et peut-être bisexuel mal dans sa peau.

Ainsi L'Effraction est plus politique et plus dramaturgique (la narration va et vient dans le temps et mélange passé et présent) que social et romanesque. Cela ne surprend pas quand on sait qu'Omar Benlaala, 42 ans, s'interrogeait déjà dans son autobiographie, La Barbe (Le Seuil- Raconter la vie2015), sur les rapports entre laïcité et religion musulmane et cette double vie entre mosquées et fêtes parisiennes sans limites.


 

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