C'est l'histoire d'un mec. Ç'aurait pu être une histoire toute simple, celle d'un jeune gars né à Saint-Étienne en 1998 dans une famille sans problème particulier (si ce n'est lui, on le comprendra vite), dernier de six enfants. Son enfance se déroulera dans une maison de campagne en grande banlieue parisienne à Bondoufle, Essonne, où fut transporté tout ce petit monde. Le jeune gars s'identifiera au père, le vrai héros de ce livre.

Ç'aurait pu être une success-story, de celles qui nourrissent la presse people et les réseaux : le gamin, juste au moment de son bac, avant des études scientifiques pas poussées très loin, devient par hasard chroniqueur dans une émission de télé, Le Petit Journal  de Yann Barthès sur Canal+, métamorphosé en Quotidien sur TMC. Ça durera deux ans : stress, succès, argent, début de notoriété... Côté amour, en revanche, ça marche moins bien, d'autant que notre ami hésite entre les quilles et les glaçons, « va savoir », comme dans la chanson de Daho.

Panayotis, lui, va vite apprendre un certain nombre de choses. D'abord, il fait une dépression sévère qui lui fournira matière à introspection, puis à spectacle : il est aujourd'hui un comédien reconnu, aussi bien dans un seul en scène, Presque, qu'au cinéma. Il a quand même manqué se flanquer par la fenêtre de son bureau à la télé, un soir de grande déprime. Ensuite, résolument, il reconnaît qu'il est gay et l'avoue à l'un de ses frères. Avec les parents, c'est plus compliqué, son père surtout, un taiseux, un type rigide, pas facile, dont il espère, enfin, une marque d'affection. Il lui faudra attendre, pour cela, la toute fin de son livre, en forme de confession.

Dans un style très libre, Panayotis Pascot mêle souvenirs d'enfance, qu'il décrit avec une précision méticuleuse, exploration de sa famille et des liens qui s'y sont noués, évocation de ses amours avec des garçons qu'il appelle La Vie et Le Bonheur, et surtout, autoanalyse de ses angoisses, comme l'obsession que son père va mourir tout de suite, sous ses yeux. Il lui faudra passer chez le psychologue, l'hypnothérapeute, puis le psychiatre, pour tenter de vivre avec tout ça. À moins qu'il n'ait trouvé encore meilleur remède, plus éprouvé : l'écriture autobiographique. Il en a fait son métier et ce livre ténébreux, au titre superbe, peut-être le début d'une carrière d'écrivain.