Depuis deux ans, plus de 90 % du papier utilisé par les maisons d’édition ayant répondu à l’enquête du Syndicat national de l’édition sur la consommation de papier est certifié, ou recyclé. La bascule s’est produite en 2013, lorsque l’utilisation de papier non certifié est tombée à 12 %, contre 27 % l’année précédente. La certification (labels PEFC ou FSC) atteste l’origine des papiers, provenant de forêts durablement gérées. Le recyclé (très peu employé, faute d’offre à des prix acceptables) définit la production contenant au moins 50 % de pâte provenant de fibres réemployées. Parmi les groupes ou maisons dont le chiffre d’affaires dépasse 50 millions d’euros, la proportion de papier certifié ou recyclé atteint même 93,7 % : leur poids est déterminant dans le résultat global.
Réponse au Basic
"C’est bien la preuve que le Basic a tout faux, en prétendant que les grands groupes n’auraient aucune préoccupation des conséquences de leur consommation", assène Pascal Lenoir, président de la commission environnement et fabrication du SNE, qui a piloté l’étude publiée ce vendredi 15 décembre. Elle apporte une réponse à cette enquête du Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (Basic) sur la fabrication de livre noir (non illustré), affirmant que la filière provoque de fortes émissions de gaz à effet de serre, et que la responsabilité incombe d’abord aux groupes (1). Présentée en pleine rentrée littéraire, elle avait été reprise par les médias sans que l’édition développe une contre-argumentation audible. Fin septembre, ses auteurs devaient en fournir une version plus complète et expurgée de certaines erreurs, mais elle n’était toujours pas disponible début décembre, et ils sont restés injoignables.
Le travail du SNE complète une précédente enquête qui portait sur la seule année 2012, maintenant actualisée jusqu’en 2016. Principalement fournies par des groupes, les réponses concernent "56 maisons, soit plus de 300 marques éditoriales qui représentent 72 % des exemplaires produits en France en 2016". Ils consomment en moyenne 185 000 tonnes de papier par an, ce qui représente environ 80 % du volume total nécessaire à l’édition française, selon le rapport annuel de l’Agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie (Ademe) sur l’emploi des papiers graphiques. En 2016, le renouvellement des manuels du collège a entraîné une hausse exceptionnelle de la consommation, qui a renforcé le poids du papier certifié, obligatoire dans la fabrication des ouvrages scolaires. La même situation se reproduit cette année, le changement des manuels étant étalé sur deux ans.
Le type de papier employé dépend du contrôle de l’éditeur sur son approvisionnement, lié à la dimension de la maison : disposant d’un pouvoir de négociation certain avec les papetiers, les plus grandes achètent et gèrent elles-mêmes leurs stocks (sauf pour les fabrications réalisées à l’étranger), et la proportion de papier non certifié tombe alors à 5 %. Lorsque l’imprimeur fournit aussi le papier, en général pour les plus petites maisons, elle monte à 17 %. Même si une majorité d’imprimeurs veille à cette traçabilité, "une marge de progression est envisageable", note l’étude. Elle recommande aux éditeurs de "demander systématiquement un papier certifié ou recyclé à leurs imprimeurs". Le fabricant fournissant une prestation globale peut aussi arbitrer sur le type de papier, en fonction de la pression tarifaire qu’il subit. Pour l’ensemble de l’édition, la proportion de papier certifié est donc inférieure à celle des seuls répondants à l’enquête du SNE, qui reste toutefois bien représentative de l’évolution générale.
(1) LH 1142, du 22.9.2017, p. 33.