Les bibliothèques patrimoniales et spécialisées de Paris seront-elles bientôt privées d'expositions ? Il y a quelques semaines, la Direction des affaires culturelles (Dac) de la Ville de Paris a annoncé la réduction de 30 % en 2015 de la subvention qu’elle verse à Paris bibliothèques, l’association chargée de coordonner et promouvoir l’action culturelle des bibliothèques municipales parisiennes. Si cette décision ne concerne pas l’animation culturelle dans les bibliothèques de prêt, gérée par Paris bibliothèques dans le cadre d’un marché spécifique, elle affecte en revanche directement les actions menées par l’association pour valoriser les riches collections des bibliothèques spécialisées ou patrimoniales, essentiellement au moyen de grandes expositions et de la publication des catalogues associés. La Dac a également décidé de fermer la Galerie des bibliothèques qui accueillait certaines de ces expositions, au motif qu’elle ne répond pas aux normes d’accessibilité. Elle a aussi créé une mission chargée de réfléchir à de nouvelles modalités de valorisation des fonds, en lien avec d’autres partenaires culturels tels que les musées et les archives. Autant de mesures qui suscitent l’inquiétude chez les responsables des bibliothèques spécialisées de la capitale. "Il nous est proposé de collaborer aux expositions des musées ou de l’Hôtel de Ville, ce que nous faisons depuis des années, car c’est bien sûr notre rôle. Mais nous savons tous que seuls l’établissement organisateur et le commissaire d’exposition sont décisionnaires. Nous sommes alors réduits au rôle de prêteur", souligne les signataires d’un courrier à Noël Corbin, directeur des affaires culturelles, qui de son côté parle d’un malentendu : "Nous souhaitons au contraire renforcer la valorisation et la visibilité de ces collections auprès du plus grand nombre, assure-t-il à Livres Hebdo. Mais se contenter de quelques expositions qui reçoivent au mieux 30 000 visiteurs par an, déjà familiers des bibliothèques, est trop restrictif. Notre objectif est de décloisonner, que les fonds patrimoniaux circulent dans les bibliothèques de prêt, par exemple, ou dans les expositions d’autres institutions. Les bibliothèques patrimoniales doivent aussi proposer davantage d’actions culturelles."
Véronique Heurtematte