Ce dimanche 16 décembre, l’Assemblée nationale a définitivement adopté le projet de loi remplaçant le passe sanitaire par un passe vaccinal pour entrer dans une bibliothèque. Plus précisément, les personnes de plus de quinze ans devront, sept mois après leur première ou seconde dose (et quatre à partir du 15 février), avoir été complètement vaccinés ou présenter un certificat de rétablissement du Covid-19 de moins de six mois pour entrer dans une bibliothèque et dans un centre de documentation - à l’exception des bibliothèques universitaires et spécialisées, de la BPI et de la BnF, et des personnes venant « à des fins de recherche ».
« Une fois de plus, c’est un coup de canif dans l’accès à la culture, s’alarme William Jouve, président de l’association des conservateurs territoriaux de bibliothèques (ACTB). Nous sommes face à des injonctions paradoxales : d’un côté, le livre est proclamé grande cause nationale et la loi de Sylvie Robert consacre les bibliothèques comme des lieux gratuits et ouverts à tous ; de l’autre, les médiathèques mettent des barrières à l’entrée avec un passe qui monte d’un cran par rapport au passe sanitaire. La volonté de protéger la population du virus est compréhensible, mais les décisions sont souvent unilatérales et ne mesurent pas leurs conséquences », développe le Conseiller livre, archives, économie du livre et langue française à la Drac Paca, précisant que le Ministère de la Culture est en cours de collecte des remontées du terrain.
« Service public épuisé »
Les conséquences touchent paticulièrement les usagers, « notamment les populations les plus en difficulté » : « On les éloigne de la forme la plus simple et abordable (gratuite !) d’accès à la culture. On perd indéniablement du public. Il y aura tout un travail de reconquête à faire », déplore-t-il. Conséquences aussi pour les bibliothécaires : « Le service public est épuisé, certaines bibliothèques sont en sous-effectif du fait de la recrudescence des contaminations. »
Bertrand Pieri, représentant du personnel parisien, évalue à « la suspension d’entre trente et cinquante bibliothécaires » non vaccinés contre le Covid. Actuellement, « les agents qui n’ont pas de passe sanitaire choisissent plutôt de prendre des RTT, des congés annuels ou d’être en grève, mais ne sont pas suspendus », affirme-t-il. La ville de Paris ne communique pas de chiffres. Celle de Marseille indique être « attentive à la santé de ses agents et agentes, et au respect de leur vie privée », esquisse-t-elle.