SCIENCE
« C'est mon identité », dit Patrick Guillain. Issu d'une famille de biologistes, avec une mère prof de maths, un père informaticien fondu de physique, il a « toujours été un scientifique ». Mais, à l'origine, il voulait devenir journaliste scientifique, par goût pour l'écriture, ainsi que pour la transmission. « Cela ne s'est pas fait », explique-t-il, mais, de fait, il a assouvi son désir de vulgarisation dans ses romans.
VIRUS
Dès ses études, il s'est spécialisé en microbiologie, dans le domaine des « bactéries, virus et autres joyeusetés pathogènes ». En 2006, il effectue un stage de master à l'Institut Pasteur. Il y revient en 2012, au sein de la CIBU (Cellule d'intervention biologique d'urgence). Chercheur, certes, mais aussi homme de terrain. Après un volontariat en Guinée-Conakry pendant l'épidémie d'Ebola, il se rend à Madagascar pour lutter contre la peste pulmonaire, et en Guyane contre la Covid. Sa mission, non pas soigner, mais « établir des diagnostics, mettre en place des outils, préparer les labos et les pays à réagir ». Un métier d'avenir...
ROMANS
Guillain est l'un des rares scientifiques à avoir pris plaisir à rédiger sa thèse ! L'écriture l'a toujours titillé. En 2014, il a décidé de se lancer dans une série de romans, afin de « prendre de la distance avec [son] métier », mais tout en restant dans son univers. D'où Le semeur de mort, son premier polar, paru à L'Aube en 2018. Le héros, Samuel Laveran, est un peu son double, « en plus sombre ». Mais il prévient, dans un avertissement valable pour tous les volumes à venir de la série, qu'il ne mélange pas l'aspect professionnel et le romanesque : « J'utilise mes connaissances mais je ne relate pas une réalité ». D'ailleurs, à l'Institut Pasteur, il est tenu au devoir de réserve. « Mes collègues ont d'abord relu les passages qui les concernent, raconte-t-il. Et ils sont devenus fans du roman ! »
CAMUS
« Durant le premier confinement, raconte Patrick Guillain, j'ai relu La peste, comme tout le monde. Au premier degré, et dans le contexte que nous vivions. J'ai retrouvé dans le roman des situations que j'avais vues ou vécues, et dans ses personnages des gens que j'avais connus dans certaines circonstances. L'Oran en quarantaine de Camus a fait résonner plein de choses en moi. La peste est vraiment un livre universel. »
HUMAIN
C'est ce qui le passionne dans son métier, et qu'il a placé au cœur de ses romans. « Durant une épidémie, quelque chose que l'Occident avait complètement oublié depuis un siècle, la réaction des gens est fascinante : peur, courage, solidarité... Ils se révèlent alors capables du meilleur comme du pire ». Quant à la Covid, « elle a remis en évidence », selon lui, « l'absolue nécessité des vaccins ».
Diagnostic à haut risque
Éditions de l’Aube
Tirage: 1 500 ex.
Prix: 19,90 € ; 376 p.
ISBN: 9782815942317