Sur la route de Lille/1

Pau : une librairie "surtout pas neutre"

Paule Zimba et Nicolas Seine. - Photo Clarisse normand

Pau : une librairie "surtout pas neutre"

A cinq semaines des 3es Rencontres nationales de la librairie, à Lille les 21 et 22 juin, Livres Hebdo entame un parcours en cinq étapes à travers la France. Départ de Pau, chez Nicolas Seine et Paule Zimba, les deux jeunes libraires fondateurs de L’Escampette en 2012.

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Par Clarisse Normand
Créé le 22.05.2015 à 02h05 ,
Mis à jour le 22.05.2015 à 11h06


Je crois à ce type de rassemblement", s’enthousiasme Nicolas Seine. Fondateur, en 2012, avec sa compagne Paule Zimba, de la librairie généraliste L’Escampette à Pau, il se rendra aux Rencontres nationales de la librairie organisées le 21 et 22 juin à Lille par le SLF (Syndicat de la librairie française). Persuadé que c’est en partageant les expériences et en discutant collectivement des problèmes que doit se construire l’avenir, ce jeune libraire de 28 ans, diplômé de l’INFL (Institut national de formation de la librairie), se dit particulièrement intéressé par les ateliers "pratiques et concrets" prévus cette année dans le cadre de la manifestation et surtout par celui intitulé "Enjeux et perspectives pour les "petites" librairies", celles qui, comme L’Escampette, réalisent moins de 300 000 euros de chiffre d’affaires.

Aider les petites structures

A cette occasion, Nicolas Seine espère que sera abordée la problématique des librairies naissantes. "Pour une petite structure qui se crée, les premières années sont un vrai parcours du combattant. Quand on se lance, on n’a pas encore de clientèle, on est en surstock et, au lieu de nous soutenir, nos partenaires se méfient. Ils nous demandent d’abord de faire nos preuves. Avec Hachette, par exemple, notre remise ne dépasse toujours pas 31 % !"

Le libraire constate aussi que les aides existantes ne sont pas forcément accessibles aux petites structures. "Etant donné que nous ne pouvons pas encore sortir 10 % de notre chiffre d’affaires en salaire, nous n’avons pas le label Lir. Donc pas d’exonération fiscale, pas d’accès aux subventions Val, et des conditions commerciales d’autant plus difficiles à négocier auprès de nos fournisseurs."

Pourtant, en à peine trois ans, L’Escampette a, semble-t-il, trouvé sa place dans le paysage palois dominé par l’un des plus grands Espace culturel E. Leclerc de France et par la librairie historique de référence Tonnet. "Nous avons comblé un vide laissé par la disparition d’Auprès de mon arbre en 2010. A côté de l’Espace culturel Leclerc, de Tonnet, de la Fnac et des librairies spécialisées, il n’y avait plus à Pau de généraliste indépendant de petite taille, explique Nicolas Seine. Or, c’est une proposition différente qui répond à une demande. Les clients qui viennent chez nous ont une démarche militante et attendent un engagement très personnel dans nos choix, nos conseils, nos animations." Pour Paule Zimba, la différence réside aussi dans le lieu proprement dit. "Nous proposons un endroit convivial, où l’on puisse flâner, parler… même fort. Nous voulons offrir une librairie décomplexée, ouverte à tous, mais surtout pas neutre."

Après l’hécatombe

Se considérant comme "bien partis mais encore très fragiles", les deux libraires veulent prouver qu’il n’y a pas de fatalité contre les petites librairies indépendantes à Pau, après l’hécatombe survenue durant les années 1990 avec l’arrivée des grandes enseignes.

Pour Nicolas Seine, qui connaît bien la ville pour y avoir vécu durant son adolescence, "le contexte est même plutôt favorable car Pau est riche culturellement mais aussi socialement et économiquement avec la présence de grosses sociétés comme Total et Turbomeca".

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