Prochaine édition au Grand-Palais

Pierre-Yves Bérenguer : « Nous travaillons pour augmenter la dimension internationale et BtoB du Festival du livre de Paris »

Pierre-Yves Bérenguer, Directeur du festival du livre de Paris, à son bureau le 4 décembre 2024 - Photo © ED

Pierre-Yves Bérenguer : « Nous travaillons pour augmenter la dimension internationale et BtoB du Festival du livre de Paris »

À cinq mois du rendez-vous parisien qui fait son retour sous les verrières du Grand Palais, le nouveau directeur général du Festival du Livre de Paris présente les premiers contours de la manifestation qui n'a pas encore révélé son invité d'honneur. 

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Par Éric Dupuy
Créé le 05.12.2024 à 16h47

Le livre reprendra place au Grand Palais pour la première fois depuis 1993 avec la prochaine édition du Festival du Livre de Paris (11-13 avril 2025). Avec un espace élargi, Pierre-Yves Bérenguer, dont ce sera la première édition en tant que directeur général, va accueillir 450 marques éditoriales (contre 320 l'an dernier) et ouvrir la manifestation à la transversalité avec d'autres industries culturelles telles que le cinéma ou le spectacle vivant. L'ancien responsable du programme culturel des Jeux olympiques de Paris 2024 partage auprès de Livres Hebdo les transformations majeures qu’il souhaite apporter, qu’il s’agisse d’une programmation enrichie ou d’une dynamique repensée pour les professionnels et le grand public.

Livres Hebdo : Que pouvez-vous dire sur l'invitation d'honneur de la prochaine édition ?

Pierre-Yves Bérenguer : Nous attendons d’ici le 15 décembre une réponse définitive concernant le pays invité d’honneur. À cinq mois de l’événement, c’est un défi d’attendre encore une confirmation pour une composante si centrale. Nous travaillons sur plusieurs options, notamment pour augmenter la dimension internationale et BtoB du festival. À la Foire de Francfort, nous avons abordé ce sujet dans une optique d’élargissement des collaborations internationales.

Comment faire pour que cette situation de déclaration tardive d’invité d’honneur ou de thème général ne se reproduise plus à l’avenir ?

L’idée du pays invité d’honneur a fait ses preuves, mais nous réfléchissons à élargir le concept, par exemple en mettant en avant des grandes villes ou régions avec une identité culturelle forte et des liens avec la filière du livre. De plus, nous envisageons de thématiser certaines éditions sur des sujets sociétaux contemporains forts, comme la mer en 2025, avec une programmation transversale intégrant les éditeurs, des institutions et des espaces dédiés en collaboration avec nos partenaires public et privé. Nous devons aussi mieux anticiper ces sujets, c’est pourquoi les invitations 2026 et 2027 sont déjà à l’étude.

« La commercialisation des livres revient désormais aux éditeurs »

Ce sera votre première édition à la tête du Festival. Quels changements opérez-vous du point de vue des professionnels, exposants et partenaires ?

Nous avons pris une décision importante : la commercialisation des livres revient désormais aux éditeurs, avec liberté de choix pour intégrer un libraire ou non. Les dédicaces se dérouleront également sur les stands des éditeurs. C’était une demande forte des exposants. Nous renforçons aussi l’aspect BtoB grâce à des collaborations avec l’écosystème tels que le SNE, le CNL, le BIEF, la SCELF… et l’ensemble de l’interprofession, en travaillant sur des tables rondes autour des enjeux contemporains de la filière organisées en matinée le vendredi 11 avril. Ces initiatives seront présentées lors de la conférence de presse du 11 février.

C'est le retour au Grand Palais, avec un espace plus important. Comment absorbez-vous ce changement de dimension ?

Le retour très attendu par la profession au Grand Palais marque un saut d’échelle : nous gagnons 36 % d’espace, mais pas uniquement pour multiplier les espaces exposants. Une meilleure gestion des flux et des files d’attente est anticipée, avec des voies de circulation plus larges. Nous ouvrons de nouveaux espaces comme les balcons (3 500 m²) pour mettre en valeur les petites et jeunes maisons d’édition, ainsi qu’environ 2 500 m² de galeries au premier étage, pour créer des passerelles avec d’autres disciplines artistiques comme le cinéma ou le spectacle vivant. Nous innovons également en développant des espaces dédiés pour nos partenaires autour de projets qui vont dans le sens des valeurs que nous défendons.

Les rendez-vous marquants de l’édition 2025

Pouvez-vous expliquer le modèle économique du rendez-vous ?

Le modèle économique du Festival du Livre de Paris repose sur un équilibre entre la commercialisation des espaces d’exposition et le développement de partenariats publics et privés. L'objectif est de réduire la pression financière sur les éditeurs, souvent critiquée dans les modèles traditionnels de salons. À terme, nous visons à équilibrer les revenus entre les contributions des exposants et celles des partenaires. Nous avons lancé une stratégie massive à destination des marques, en cherchant à établir des collaborations pertinentes et porteuses de sens. Par exemple, nous travaillons avec des entreprises qui partagent des valeurs liées à la promotion de la lecture et de l’écriture, et avec des fondations qui soutiennent des projets éducatifs, inclusifs et sociétaux. La stratégie est développée autour de trois niveaux d’engagements financiers auxquels correspondent des supports et des actions liées à la visibilité de nos partenaires. La diversification des thèmes autour du livre nous permet d’élargir les contributions de ces acteurs privés.

« Ouvrir de nouvelles opportunités de financement »

En parallèle, notre politique de responsabilité sociétale (RSE) influence également notre modèle. Par exemple, l’ensemble du mobilier du festival est éco-conçu, fabriqué dans des filières locales, et réutilisé chaque année. Cela représente un coût important, mais c’est une démarche essentielle pour aligner nos valeurs avec les attentes des partenaires et du public. Enfin, notre ambition n’est pas de générer des profits maximaux, mais d’atteindre un équilibre financier tout en consolidant la place du festival comme événement culturel national incontournable. Pour y parvenir, nous augmentons également l’attractivité du programme en développant des collaborations avec des acteurs publics de la culture et des passerelles avec d’autres disciplines artistiques, ce qui ouvre de nouvelles opportunités de financement et nous permet d’élargir et de croiser les publics. Nos partenaires médias tels France TV et Radio France nous ont fait part de leur engagement renouvelé avec cette nouvelle orientation.

Comment comptez-vous faire de la manifestation un vaste moment d'échange entre les arts tout en conservant le livre au cœur de l'événement ?

Le livre et la littérature restent centraux. Nous voulons augmenter l’expérience visiteurs en dévoilant leurs liens avec les autres arts et les créations réalisées par des artistes influencés par la littérature, dans son acception la plus large. Par exemple, en collaboration avec la SCELF, le cinéma sera mis en avant à travers une galerie dédiée aux adaptations littéraires. En complément, des avant-premières seront programmées en soirée, en présence des équipes des films.

« Les 15-25 ans représentent 43 % des visiteurs »

La collaboration avec le Festival « Extra ! » du Centre Pompidou apportera une dimension vivante au festival autour du thème « Cabaret littéraire ». L’objectif est de faire découvrir à des publics variés, les liens qu’entretiennent les arts en partant toujours du livre et de l’écriture pour y revenir. Enfin, nous préparons une surprise pour l’ensemble des professionnels et officiels présents lors de l’inauguration du Festival, le 10 avril au soir.

C'est l'édition du grand retour de la littérature Jeunesse / BD / Manga avec l'objectif de travailler sur une cible de public particulière. Laquelle et comment ?

Nous avons un grand succès auprès des 15-25 ans, qui représentent 43 % des visiteurs et dont l’entrée est gratuite. Nous cherchons à valoriser l’expérience pour le public familial. Pour cela, un village des enfants de 200 m² sera créé, avec des espaces de jeux, de lecture et des ateliers créatifs co-construits avec les éditeurs et nos partenaires privés. Notre chargée de mission pédagogique travaille d’ores et déjà avec les institutions éducatives et nos partenaires publics pour mobiliser le milieu scolaire. Nous visons la participation de 12 à 15 000 jeunes dès le vendredi 11 avril, veille des vacances scolaires. Les éditeurs ont entendu notre volonté et je peux vous annoncer que la présence de ces trois genres sera doublée par rapport à l’édition 2024.

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