Un libraire d'Argenteuil (Val-d'Oise) a porté plainte jeudi 11 juillet, disant avoir été menacé par des jeunes qui lui reprochaient d'avoir mis en vitrine des numéros de Charlie Hebdo sur l'islam, a annoncé l'Afp ce vendredi.

Christian Girard, gérant de la Librairie du Mail, dans le quartier du Val-d'Argent, dit avoir été menacé de représailles par des jeunes se réclamant de l'islam, mercredi dernier. Une source proche du dossier a indiqué que des jeunes lui avaient demandé de retirer le numéro de sa devanture, ce qu'il a refusé. Ils auraient frappé sur la vitrine du magasin, mais n'auraient pas donné de coups. Le commerçant a alors contacté la police et a porté plainte. Des patrouilles de police ont été mises en place pour surveiller le magasin, a ajouté la source proche du dossier.

«On va te faire la peau»

Le libraire a affirmé que les menaces ont commencé suite à l'exposition en vitrine de la couverture d'un numéro hors-série de l'hebdomadaire intitulé «La vie de Mahomet». La semaine dernière, un homme lui avait déjà conseillé «gentiment» de retirer ces Unes de la vitrine, selon le récit qu'il a fait au Parisien. Mercredi, en milieu d'après midi, «c'était beaucoup plus radical, ce n'était plus aimable.» «Une demi-dizaine de jeunes se sont regroupés devant le magasin, ils ont dit qu'ils allaient me casser la vitrine», a rapporté le commerçant à l'Afp. Il a d'abord retiré le numéro de sa vitrine, avant de se raviser.

Toujours au Parisien, il raconte que les jeunes ont cogné sur la vitrine et menacé de l'exploser. « On te connaît. On connaît ta voiture. Retire les journaux! » ont-ils lancé. « L'un d'eux m'a dit : On va te faire la peau. »

«Je fais mon métier et je n'ai pas l'intention d'en changer»

Cette Une est consacrée à la fusillade survenue lors de manifestations favorables à l'ex-président égyptien Mohamed Morsi. Ce numéro est sorti le premier jour du ramadan, L'hebdomadaire titre «Le Coran, c'est de la merde», ajoutant, dans un cadre jaune: «ça n'arrête pas les balles». «Je fais mon métier et je n'ai pas l'intention d'en changer», a affirmé le libraire, qui dit avoir reçu le soutien du directeur de Charlie Hebdo, Charb. « Je ressens une grande fatigue. Mais je n'ai pas envie de lâcher », confie Christian au quotidien régional. Il est installé au Val Sud depuis 2005. Déjà braqué deux fois, il continue d'y croire parce que « La librairie, c'est de l'oxygène dans le quartier. »

Cette affaire intervient dans un contexte de tensions religieuses à Argenteuil, ville de 105 000 habitants située à une dizaine de kilomètres de Paris, près d'un mois après les agressions, en pleine rue, de deux jeunes femmes portant le voile.