EDITO par Christine Ferrand, rédactrice en chef

Photo OLIVIER DION

La rentrée est difficile : notre indicateur économique Livres Hebdo/I+C révèle pour septembre une baisse de 2 % des ventes de livres au détail par rapport au même mois de l'année dernière, déjà à - 3 %. L'enthousiasme des éditeurs et des libraires pour la qualité de la rentrée littéraire n'aurait-il pas été pleinement partagé par les lecteurs ? Plus vraisemblablement, le contexte économique les a amenés à réduire leurs achats au détriment du livre. En tout cas, c'est une nouvelle contre-performance pour le secteur.

Pour nous changer les idées, nous avons pris le bus avec Jacques Roubaud. Son Ode à la ligne 29 des autobus parisiens, scénographiée plus qu'éditée par les éditions Attila, le conduit dans plusieurs librairies parisiennes, dont celle de Michèle Ignazi, complice de la première heure de ce projet. Joyeux et fantasque, ce livre ne peut que redonner la pêche au plus apathique des lecteurs. A l'image des initiatives qu'il a suscitées tout le long de la ligne 29. Un glacier du 12e arrondissement a, par exemple, créé une glace pour l'occasion !

Toujours dans ce numéro, l'Espagnol Antonio Ramirez nous fait partager sa vision positive de l'avenir de la librairie dans un pays où la crise fait pourtant des ravages. A Madrid, il vient d'ouvrir, sur 1 200 m2, la septième librairie de sa chaîne, La Central. Estimant qu'"un bon vivant va avoir envie d'un livre autant que d'un produit du terroir", il a placé un café-restaurant à l'entrée de son nouveau magasin. Plus globalement, selon lui, il faut "penser la librairie comme une scène et le travail du libraire comme celui d'un chorégraphe".

En France, c'est plutôt en funambule que les libraires se voient actuellement. Dans l'exercice d'équilibre auxquels ils sont soumis, les délais d'approvisionnement sont cruciaux face à des vendeurs en ligne qui garantissent à leurs clients des livraisons en 48 heures. A cet égard, la fermeture récente de plusieurs entrepôts régionaux est une bien mauvaise nouvelle. Peut-être faut-il chercher la solution du côté de l'Allemagne, où chaque transporteur possède les clefs des librairies qu'il dessert et peut ainsi livrer à toute heure du jour ou de la nuit. Une nouvelle mission pour l'autobus de la ligne 29 ?

15.04 2015

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