Les 62 personnages de cet album ont tous, à leur façon, changé la vision du monde. Certains sont célèbres comme Einstein ou Confucius. D’autres sont obscurs, tel Edmond, esclave réunionnais qui n’avait même pas de nom, mais suffisamment de génie pour mettre au point, à tout juste 12 ans, la technique de pollinisation de la vanille. Ou encore Claudette Colvin, première jeune fille noire à avoir refusé de céder la place à un Blanc dans un bus de Montgomery en 1955. Dans le lot, pas mal d’enfants pauvres, comme le Tatar Rudolf Noureev, qui, pour quelques morceaux de sucre, a lancé ses jambes en l’air devant un parterre amusé de soldats russes. Pour autant, chez les riches, l’enfance n’était pas plus idyllique. Sophie Rostopchine, plus connue sous le nom de comtesse de Ségur, avait beau être filleule de tsar, sa mère était adepte d’une éducation à la dure, à coups de maigres pitances et de planche en guise de matelas… Le petit Honoré de Balzac n’était pas mieux doté du côté mère aimante. La sienne l’a flanqué en pension très tôt. Délit de sale gueule: la timidité et l’épaisse tignasse noire du futur génie de la littérature française ne lui revenaient pas. Mais nulle généralité qui vaille en matière d’enfance: malgré leur handicap, Frida Kahlo et Michel Petrucciani ont, eux, été chouchoutés par leurs géniteurs. On lit avec curiosité ce livre et, au passage, on goûte aussi les titres des célébrités. Ainsi Alice Liddell (qui a inspiré Lewis Caroll) est qualifiée de "mini-muse", et Hokusaï de "premier mangaka". Côté image, insérant la photo dans son illustration, le grand Claude Ponti a varié les plaisirs. Fabienne Jacob