Passion pour le livre, envie de promouvoir la lecture ou encore besoin d'être indépendant sont autant de raisons qui poussent chaque année de nouveaux entrepreneurs à se lancer dans l'aventure de la librairie. Entre 2019 et le premier trimestre 2022, 335 commerces ont ainsi été créés ou repris, selon une étude menée par l'agence Axiales Conseils pour le Syndicat de la librairie française (SLF). Sur 307, 185 librairies ont été créées (61 %) et 122 reprises. La crise sanitaire n'a pas entamé la motivation des futurs professionnels. 147 projets se sont concrétisés en 2021, contre 53 en 2019. « L'année 2022 semble partie pour rester dans la même dynamique, puisque le premier trimestre comptait déjà 34 créations/reprises », précise l'étude.
Signe d'un renouvellement de la profession : sur les 191 professionnels ayant répondu à Axiales, seuls 35 % étaient déjà libraires avant la création ou la reprise de leur établissement et 54 % avaient déjà une expérience dans le monde du livre. Ayant souvent eu une première carrière dans la santé, l'enseignement ou encore l'industrie, 86 % des néolibraires ont pris la précaution de se former avant de lancer leur projet. Créateurs et repreneurs confondus, les libraires sont majoritairement des femmes (67 %) de moins de 45 ans (57 %). 77,8 % des librairies répertoriées sont gérées par une seule personne. « Seuls 8 % des projets rassemblent plus de deux personnes. Trois projets coopératifs reposent quant à eux sur plus d'une centaine de personnes », indique Axiales Conseils.
Trois régions privilégiées
Les nouvelles librairies se sont majoritairement implantées en Île-de-France (54 librairies), en Bretagne (48) et en Occitanie (46). Surtout, la moitié des répondants a ouvert ou repris une librairie dans une ville ou un village « de moins de 20 000 habitants », donc souvent dans une zone pauvre en librairies. Aussi les librairies généralistes représentent 78,5 % des projets concrétisés. Parmi les spécialisées, trois sur cinq se concentrent sur les segments BD/manga et/ou jeunesse. L'étude confirme également l'engouement pour les librairies-cafés, qui représentent une enseigne sur cinq.
Les nouveaux libraires n'ont pas la folie des grandeurs : la surface de vente moyenne est comprise entre 79 et 151 m2. « La moitié des répondants a ouvert/repris une librairie de moins de 75 m² et 75,4 % une librairie de moins de 100 m². La surface moyenne est de 97 m² », précise l'étude. Enfin, le chiffre d'affaires de ces librairies reste « relativement modeste » avec un CA médian de 205 950 €. « Seules cinq librairies dépassent un million d'euros de chiffres d'affaires », pointe Axiales Conseils. Le chiffre d'affaires est plus élevé pour les reprises (603 000 € de CA moyen) que pour les créations (227 607 €). Pour autant, les nouveaux libraires enregistrent une réelle dynamique : « 75 % des répondants ayant ouvert depuis plus d'un an estiment que leur CA est en hausse et 84 % estiment avoir atteint ou dépassé leur prévisionnel. » C. L.
