Dans ce texte laconique, dans lequel elles précisent qu'elles "ne feront aucun commentaire", la chaîne leader de la librairie au Québec (30 succursales, un site de vente en ligne et quelque 25 % de parts de marché) et l'entreprise de distribution dont le groupe La Martinière est actionnaire à 49 % via sa filiale Seuil indiquent seulement que "Dimedia reprendra le service sur les comptes de Renaud-Bray le 25 mai 2015" et qu'ainsi "les clients de Renaud-Bray pourront retrouver dans les différentes succursales l'ensemble de la production éditoriale figurant au catalogue de Dimedia".
Le règlement à l'amiable survient alors que le rachat annoncé de la chaîne Achambault par Renaud-Bray, qui portera la part de marché du groupe à quelque 40 % et inquiète libraires et éditeurs, fait l'objet d'un examen par le Bureau de la concurrence, lui imposant de ne pas prêter le flan à des accusations d'abus de position dominante. Dans un appel au Bureau de la concurrence, lui réclamant, jeudi 21 mai, des audiences publiques dans l'affaire du rachat d'Archambault, l'Union nationale des écrivaines et des écrivains québecois (Uneq) réclamait encore que la résolution du litige Renaud-Bray/Dimedia soit "une condition préalable à l'approbation de la transaction".
Diffuseur et distributeur de nombreux éditeurs québecois dont Boréal, Septentrion, Quartanier, Alto, Ecosociété, 400 coups ou Mécanique générale, et des éditeurs français clients de Volumen, la filiale logistique de La Martinière, en France (Seuil, L'Olivier, Poins, Minuit, Zulma, Christian Bourgois, Picquier, Philippe Rey, etc.), Dimedia avait fait éclater le conflit au grand jour en cessant ses livraisons à la chaîne de librairies le 17 avril 2014 "parce que Renaud-Bray avait décidé unilatéralement de ne pas respecter [ses] conditions générales de ventes", expliquait alors le P-DG de Dimedia, Pascal Assathiany.
Dimedia reprochait à Renaud-Bray d'avoir décidé unilatéralement de déduire directement du montant de ses factures de nouveautés celui de ses retours, sans attendre qu'ils lui soient crédités par le distributeur en fonction des délais prévus contractuellement, et déplorait une dette de la chaîne à son égard de "plusieurs centaines de milliers d'euros". Il reprochait également au groupe présidé par Blaise Renaud de vouloir se fournir directement en France pour les livres importés, en remettant en cause la loi 51 qui accorde aux distributeurs québécois un privilège d’exclusivité sur le territoire canadien.
Le conflit a suscité dès la fin du printemps 2014 un appel des associations professionnelles québecoises du livre ainsi qu'une lettre ouverte d'éditeurs français et quebecois appelant Renaud-Bray à ses responsabilités.