La date de réouverture est encore incertaine, mais la maison de Victor Hugo est déjà prête à accueillir son public. Située sur la place des Vosges (Paris 4^e), l'établissement s'est modernisé après dix-huit mois de travaux à coups de médiations numériques et de nouvelles acquisitions. Gérard Audinet, le directeur des Maisons de Victor Hugo, nous fait la visite du lieu qu'a occupé l'auteur de 1832 à 1848.

Au centre de l'antichambre des appartements de Victor Hugo trône une statue de Quasimodo, le héros de Notre-Dame de Paris. Ce "Quasimodo sur la cloche de Notre-Dame de Paris" est une œuvre datée du XIX^e siècle, et récemment acquise par la direction. "Peu de sculpteurs ont eu l’audace de se confronter à la monstruosité de Quasimodo", assure le musée.
 

L’artiste anonyme de la sculpture s'est inspiré d'un passage du roman: "Tout à coup la frénésie de la cloche le gagnait; son regard devenait extraordinaire; il attendait le bourdon au passage, comme l’araignée attend la mouche, et se jetait brusquement sur lui à corps perdu. Alors, suspendu sur l’abîme, lancé dans le balancement formidable de la cloche, il saisissait le monstre d’airain aux oreillettes, l’étreignait de ses deux genoux, l’éperonnait de ses deux talons, et redoublait de tout le choc et de tout le poids de son corps la furie de la volée".

Restauration
 
Le fonds de la maison est enrichi avec un budget d'acquisition annuel de près de 20 200 euros. A l'image de la statue de Quasimodo, la Maison propose des "œuvres qui racontent sa vie ou qui font référence à ses oeuvres", résume Gérard Audinet. Pour sa réouverture, la direction a réussi à acquérir et restaurer plusieurs pièces dénichées, entre autres, sur des sites de ventes spécialisés.

C'est le cas d'un tableau de la fille de l'auteur, Adèle, présenté dans le salon rouge. Le portrait Adèle à la cerise réalisé par Louis Boulanger "était vernis et oxydée avant la rénovation", déclare Gérard Audinet.

Dans la salle à manger, "on peut voir Victor Hugo comme décorateur", décrit le directeur des musées en montrant un coffre convertible en table.

Virage numérique

Une interface numérique incrustée dans le vieux bois témoigne du virage numérique entrepris par la direction du musée. L'écran propose une chronologie biographique de Victor Hugo à l'aide d'un visuel linéaire issu de la base de données des maisons de l'écrivain. Avant, le visiteur se trouvait face à deux affiches en papier, collées au mur.

La seconde nouveauté que Gérard Audinet présente avec entrain est l'application mobile "Chez Victor Hugo". Disponible gratuitement sur iOS et Android, elle propose des parcours pour découvrir le musée de la place des Vosges mais d'autres lieux de vie de l'écrivain comme la maison d'Hauteville House à Guernesey. Avec le parcours "Les funérailles de Victor Hugo", le visiteur peut suivre les plus grandes étapes du cortège depuis les Champs Élysées jusqu’au Panthéon.

Ces visites sont également disponibles sur le chatbox de la page Facebook du Musée de Victor Hugo. Dans "un esprit pratique et de médiation", une dizaine de pages sous la forme de conversation ont été rédigées par Gérard Audinet sous le nom de plume d'Adèle Hugo, la femme de l'écrivain.
 

Toujours dans l'optique d'améliorer le parcours de visite, une nouvelle génération d'audioguide a été mise en place. Elle dispose dorénavant d'un système de GPS pour les malvoyants. En complément aux visites en langue des signes, les parcours en audioguide seront également adaptés.

Une exposition "saugrenue" sur François-Auguste Biard

Pour sa réouverture, le musée a déjà installé une rétrospective temporaire. Il s'agit de la première exposition sur le peintre François-Auguste Biard pensée par le commissaire Vincent Gilles. Ce dernier a été confronté à "une absence presque totale de source", ce qui au départ, l'a déstabilisé. 

L'exposition temporaire est accessible au premier étage de la Maison de Victor Hugo. "Une exposition qui peut paraître saugrenue", admet Gérard Audinet, quand on connaît le différend qui a eu lieu entre les deux hommes. Léonie d'Aunet, l'épouse du peintre est l'une des maîtresses les plus connues de Victor Hugo. Le roi Louis-Philippe, proche des deux hommes, a étouffé l'affaire en incitant l'écrivain à se faire discret.

Le musée prévoit aussi l'exposition "Victor Hugo. Dessins - Dans l'intimité du génie" au printemps 2021, en écho au beau livre monographique Victor Hugo. Dessin de Gérard Audinet (Editions Paris Musée) dont l'édition luxe sous coffret a été numérotée à 200 exemplaires. A l'arrivée des beaux jours, la cour, anciennement occupée par des élèves de l'école voisine, accueillera le café Mulot ainsi qu'un espace pédagogique.