2 mai > Roman états-Unis

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Brian Leung, né en Californie d’un père chinois immigré et d’une mère américaine, avait déjà puisé dans ses origines métisses pour nourrir son premier roman, Les hommes perdus (Albin Michel, 2008), qui sort en poche le 15 mai chez J’ai lu. Seuls le ciel et la terre (Take me home, titre original) se replonge dans les questions de confits identitaires en racontant un épisode peu connu de l’histoire américaine : des émeutes meurtrières dans des mines de charbon du Wyoming en 1885 où plusieurs dizaines de travailleurs chinois périrent brûlés.

Mais ce deuxième roman est aussi l’histoire d’Adeline Maine, une authentique héroïne. Après quarante ans d’absence, Addie revient à Rock Springs qu’elle a fui après avoir été blessée par balle, laissant derrière elle son mari, Muuk, qu’elle n’a jamais revu, et deux fantômes aimés : son frère, Tommy, et Wing, un ami chinois. C’est l’heure des comptes et des souvenirs refoulés. Le passé est encadré par le présent - le roman débute et s’achève en 1927. Brian Leung y déploie la tragédie. Addie a quitté les forêts du Kentucky et est arrivée seule à 19 ans sur le « Territoire », « une terre si plate et si vaste qu’on aurait dit que Dieu l’avait étalée avec un couteau ». Elle a rejoint son frère aîné, installé à Dire Draw - le « Ravin cruel » - à cinq heures de marche de Rock Springs, dans une maison qui « ne ressemblait même pas à un endroit qu’on aurait voulu comme poulailler ». Autour, une terre inhospitalière sans eau potable, des hectares incultivables, des constructions plus ou moins enterrées : des camps de réfugiés plus que des villes où survivent, dans une hostile ségrégation, les Chinois et les Blancs. Vaincus d’une ruée vers l’est, les habitants sont tous migrants, déracinés, tous exploités par la compagnie de chemin de fer Union Pacific, propriétaire des mines. Dans ce milieu de nulle part où le racisme est attisé par la misère, Addie se rapproche de Ming, le benjamin d’une famille de huit garçons venu chercher fortune aux Etats-Unis, échoué comme cuisinier à Rock Springs.

Dans ce roman très américain où tout est de grande taille, espaces et sentiments, « Miss Addie » incarne une âme éprise de justice, sans préjugés et déterminée, qui ne peut se contenter d’un simple espoir de vie meilleure. Véronique Rossignol

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