24 OCTOBRE - CAHIER ET CARNETS Etats-Unis

Isaac Bashevis Singer- Photo DR

A l'automne, Isaac Bashevis Singer est à la fête. Voici que J'ai lu republie Le magicien de Lublin - dont le héros, Yasha, passe le sabbat "à bavarder et à fumer des cigarettes en compagnie des musiciens" -, que Stock offre une nouvelle traduction de La famille Moskat, roman de 1950. Voici aussi que les éditions de l'Herne proposent un imposant Cahier dirigé par Florence Noiville et Pascale de Langautier, ainsi que La coquette : deux textes inédits imprimés dans la collection "Carnets".

On n'a pas fini de s'imprégner de l'oeuvre faite de points d'interrogation, pour reprendre les mots de Florence Noiville, de ce fils et petit-fils de rabbins de la rue Krochmalna à Varosovie, qui reçut le prix Nobel de littérature en 1978. Un écrivain faussement simple, comme le rappelle encore Florence Noiville dans son introduction, qui croyait aux vertus de la narration, avait pour but de "distraire et informer" et ne pensait pas que la littérature puisse changer le monde. Un homme aimant à affirmer que lorsqu'il s'asseyait à sa table pour écrire une histoire, c'était "pour écrire une histoire d'amour ou de trahison, d'espoir et de déception, jamais pour écrire une histoire juive".

Né au seuil du XXe siècle en Pologne, Singer arrive aux Etats-Unis en 1935. Agé d'une trentaine d'années, il débarque alors à Sea Gate, au sud-ouest de Brooklyn, "un quartier emprunt de littérature, de révolution, d'arguments et de dispute de la vieille Europe", où son frère aîné s'est installé. Il a déjà écrit et publié des nouvelles dans le Jewish Daily Forward, un roman intitulé Satan à Goray. Il ne va ensuite cesser de produire romans et nouvelles, d'écrire en yiddish avant d'être traduit en anglais, de mettre en scène une Pologne d'avant-guerre et l'Upper West Side de l'exil.

On terminera la visite par La coquette. Petit volume illustré par Alfred Laurent, ouvert par une nouvelle extraite du recueil A friend of Kafka datant de 1970. Isaac Bashevis Singer y présente une femme riche, célibataire à 40 ans. Cette Adèle est folle de vêtements dont les armoires débordent, incapable de se séparer de quoi que ce soit. Une curiosité, suivie d'un court essai intitulé Langage indécent et sexualité en littérature où Singer avance que "la femme moderne n'est ni pure, ni innocente" ! Laissons le mot de la fin à Geneviève Brisac, qui a bien raison de dire que grâce à la lecture de l'auteur de Yentl, "la vie humaine instantanément se remet à étinceler de ses mille feux".

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