La semaine prochaine, la 70e Foire internationale du livre de Francfort. Une paille ! L'industrie du livre a connu un essor spectaculaire depuis la première édition de la manifestation en 1949. Elle a traversé plusieurs révolutions éditoriales et technologiques qui ont fait naître et croître le poche, galvanisé le livre illustré, démultiplié les formats papier et numérique du livre et propulsé celui-ci dans un univers culturel multimédia ouvert. Elle s'est globalisée et concentrée. Pourtant, à soixante-dix ans d'intervalle, les transformations concomitantes de la foire frappent moins que la permanence de ses fondamentaux.
Certes, en septembre 1949, la Foire de Francfort n'a accueilli que 200 exposants. Tous étaient allemands sauf un : Michel Dupuet, alors chef du service du livre au Haut-Commissariat français à Mayence, avant de devenir directeur du Syndicat national de l'édition et du Cercle de la librairie, présentait des livres français dans une salle voisine de la Paulskirche qui accueillait la foire. Pierre Nathan, fils du fondateur des éditions Fernand Nathan, était le seul éditeur étranger présent. Mais dès 1950, la manifestation s'ouvrait à une centaine d'exposants étrangers, dont une trentaine de Français. Et elle posait les bases de la plateforme internationale de rencontre et d'échanges de droits qu'on connaît toujours en 2018.
En visite, en septembre 1960, à la --12e foire du livre de Francfort, l'écrivain François Nourissier publiait dans France Observateur un témoignage que beaucoup pourraient signer aujourd'hui : « Elle rassemble, dans la ville la plus triste et la plus organisée d'Allemagne fédérale (...) tous ceux que le marché du livre intéresse. (...) On y amorce, poursuit, conclut des accords ; on y met, sur des noms, un visage ; on prend du confrère étranger cette mesure un peu irrationnelle, mal explicable, que dix minutes passées avec lui à feuilleter les livres qu'il expose donnent plus sûrement que les heures usées à éplucher un catalogue. »
Boll LH 1188
