La matinée a commencé par une présentation chiffrée de chacun des deux marchés par Nicolas Roche, directeur du Bief, et Jouda Fahari-Edine, responsable des droits chez Quarto et rédactrice du rapport du Bief sur l’édition britannique. Ont suivi une table ronde sur les échanges de droits et les coéditions entre les deux pays, une autre sur la diffusion des ouvrages et la promotion des auteurs, des rendez-vous BtoB, et la visite des librairies La Page et South Kensington Bookshop. Tous les participants ont salué cette initiative, la précédente rencontre datant de 2012.
Présence des fondateurs des maisons
Quarante éditeurs britanniques sont venus voir la production française. Contrairement aux foires où sont envoyés les vendeurs de droits, les fondateurs et responsables de maison étaient là: Sam Arthur (Nobrow-Flying Eye Books), Kate Wilson (Nosy Crow), Jane Winterbotham (Walker Books), Lesley O’Mara (Michael O’Mara Books) et Richard Thorp (Thame & Hudson). "Je connais le marché français mais il est toujours bon de se rappeler de petites choses", explique Kate Wilson. Pour les plus jeunes comme Elle Waddington et Mattie Whitehead (Stripes Publishing), Jenna Brown et Fay Evans (Tate Publishing), les interrogations portaient sur le prix fixe et la liste des best-sellers jeunesse, tandis que d’autres s’étonnaient des faibles scores des titres numériques ou audio. "C’est toujours bon d’avoir un autre point de vue sur notre marché et de le comparer avec un autre", commente Jane Winterbatham (Walker Books).
Un faible pourcentage de traductions du côté britannique (5 % pour la Grande-Bretagne contre 17,6 % pour la France) pour une production en 2017 de 206 386 titres (11 966 en France) et importance de l’export (60 % contre 21 %) caractérisent l’édition britannique. "Le marché britannique est trop petit. On pense toujours international", explique Sam Arthur (Nobrow). "Les Français sont capables de produire des livres chers pour leur seul marché. On ne peut pas vivre de ce qu’on imprime. Il nous faut trouver des coéditeurs: c’est notre modèle économique", renchérit Jane Winterbatham (Walker Books).
Indispensable
Il a aussi été question du droit d’auteur des écrivains pour la jeunesse, de la surproduction, de la reconnaissance des auteurs en dehors de leur pays, des illustrateurs français qui travaillent en direct avec les éditeurs britanniques. Parallèlement, le traducteur Danuel Hahn a présenté le programme du Book Trust, recensant 400 titres étrangers à traduire, et qui a permis d’emmener de jeunes éditeurs à Bologne. Pour tous, la rencontre s’est révélée indispensable, d’autant plus qu’elle était conviviale, loin du stress des foires internationales et du Brexit, que tous redoutent et veulent oublier.
"On retrouve ici des maisons plus petites, qu’on n’a pas forcément le temps de voir sur les grandes foires", note Aurélie Lapautre, responsable des droits d’Albin Michel Jeunesse. "Même si la Grande-Bretagne est un pays qui achète peu, aucun éditeur français ne peut renoncer à faire le maximum pour vendre les droits de ses auteurs en langue anglaise. Nous devons les accompagner dans leurs efforts", précise Nicolas Roche, qui rappelle que la jeunesse et la BD représentent 60 % des cessions françaises. "C’est la rencontre de deux grandes cultures de l’édition jeunesse, qui ont développé une façon de travailler avec les auteurs et de les amener dans les bibliothèques et les écoles", souligne Lucie Campos, attachée Livre à l’ambassade de France au Royaume-Uni et directrice du South Ken Kids Festival. "On a beaucoup en commun", conclut Elle Waddington (Stripes Publishing).