Fête de la science

Sophie Bancquart : la science infuse, doucement

Sophie Bancquart - Photo Olivier Dion

Sophie Bancquart : la science infuse, doucement

Depuis plus de vingt ans la fondatrice des éditions Le Pommier s’emploie à rendre la culture scientifique accessible au plus grand nombre, comme éditrice et dans les instances interprofessionnelles. La Fête de la science lancée le 6 octobre contribue à faire progresser cette cause.

J’achète l’article 1.5 €

Par Hervé Hugueny
Créé le 07.10.2017 à 12h14

"Un été tranquille, je ne sais plus ce que c’est", s’exclame Sophie Bancquart. La fondatrice et ex-directrice des éditions Le Pommier ne se plaint pas pour autant de ces moments sacrifiés à la cause qu’elle défend : la promotion de la culture scientifique. En l’occurrence, la présidente du groupe sciences pour tous du Syndicat national de l’édition (SNE) supervise la préparation du kit PLV "Fête de la science", envoyé depuis deux ans aux libraires qui en font la demande afin de participer à cette semaine d’animations multiples organisée en France depuis 1991, inaugurée le 6 octobre au soir.

Faire oublier les traumatismes

Ce kit comprend entre autres choses 50 exemplaires d’un livre à offrir aux clients des librairies, dont le thème est renouvelé à chaque édition. Bouclée pendant l’été et intitulée Les 24 heures des sciences, la version 2017 explique dans autant de chapitres que la science rythme naturellement chaque moment de la journée, et que tout le monde en fait "sans le savoir". Le but est de (re)créer de la proximité avec l’univers scientifique, de susciter ou entretenir de la curiosité d’une manière ludique et légère, pour faire oublier d’éventuels traumatismes pédagogiques subis en physique-chimie ou en maths.

Quelque 180 libraires ont commandé ce kit cette année. Le livre est envoyé aussi dans les CDI des établissements scolaires, dans les bibliothèques, et diffusé par le SNE dans diverses manifestations. Au total, il est tiré à 60 000 exemplaires (20 000 de plus que l’an dernier), financé aux deux tiers par le ministère de la Recherche, et par le ministère de la Culture pour le solde.

Si la science structure le développement humain, la diffusion de la culture scientifique reste plus limitée que celle des humanités, et cela sans soulever beaucoup d’inquiétude : il n’y a jamais eu de rapport alarmiste sur le sujet, contrairement à celui qui avait pointé le repli de l’édition en sciences humaines au milieu des années 2000. Et alors que la suppression de l’histoire en section S avait soulevé un tollé, personne n’a jamais protesté contre l’absence de formation scientifique en terminale littéraire.

Majoritairement formés en lettres et sciences humaines, les médiateurs que sont les libraires et les bibliothécaires peuvent entretenir cette distance à l’égard de livres qui s’efforcent de transmettre la culture scientifique. D’où les efforts du groupe sciences pour tous, créé en 2004, et qui rassemble les éditeurs de vulgarisation scientifique, pour entretenir la promotion de leur production. La communication au grand public exigeant beaucoup de ressources, le secteur dépend de ces médiateurs du livre pour assurer sa visibilité.

"Notre production n’a rien à voir avec l’édition professionnelle en sciences-technique-médecine [STM], assez bien identifiée dans les bases de données et les classifications bibliographiques. D’où la création du site Sciencespourtous.org, qui rassemble et classifie environ 3 000 titres disponibles, y compris de la littérature, lorsque son contenu relève des sciences. Il est mis à jour chaque mois. Nous avons aussi élaboré un catalogue de 900 titres composant un bon rayon des différents sujets, et une autre sélection de 200 titres, reprenant l’essentiel de ce fonds", explique Sophie Bancquart. Dans la fenêtre "recherche avancée" de Dilicom, un label "sciences pour tous" est aussi disponible, qui liste près de 5 000 titres. Mais faute de moyens, aucune indication de marché n’est disponible concernant ces corpus.

Kiosques à livres

"D’une dizaine au démarrage, nous sommes maintenant une trentaine de membres. La production adulte s’est bien développée, y compris chez les éditeurs généralistes, mais il reste encore à faire en jeunesse", note la présidente. Flammarion, Dunod, Belin, La Ville brûle, Ricochet, entre autres éditeurs, font partie des adhérents les plus impliqués, de même que Le Pommier évidemment, fondé en 1999 par Sophie Bancquart, qui vient tout juste d’en laisser la direction à Juliette Thomas. Des éditeurs scientifiques tels que EDP Sciences, Quae, le CNRS, ont aussi développé une production grand public, et ont rejoint le groupe. Il y a deux ans, ce dernier a conçu des kiosques à livres. Aisément transportables, ils sont destinés à circuler dans les musées, les bibliothèques et tout lieu de manifestation scientifique pour entretenir la diffusion de ce savoir.

Sciences pour tous soutient aussi le prix du même nom, décerné par un jury de collégiens et de lycéens. Lancé par l’académie de Bordeaux, rejointe par celle de Rouen, il est devenu national depuis deux ans, avec la participation de 70 établissements. Le Centre de l’énergie atomique (CEA) l’a financé pendant deux ans, à hauteur de 5 000 euros pour l’achat des livres. La prochaine édition (remise en juin 2018) est assurée, mais "nous recherchons de nouveaux partenaires", lance Sophie Bancquart, toujours enthousiaste. "L’intérêt et la passion des classes participantes sont rassurants, et leurs présentations lors des remises de prix sont géniales."

Les dernières
actualités