Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef adjoint

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Analysé dans le détail, le médiocre bilan des ventes en janvier (- 2,5 %) que nous publions cette semaine rassure un peu et inquiète beaucoup. Au rang des données réconfortantes se classe la résistance croissante des librairies, et singulièrement de celles du 1er niveau. Alors que le marché du livre est doublement fragilisé par la crise économique et par le recul de la lecture, ce réseau professionnel, redynamisé par la bienfaisante effervescence et les mesures de soutien qui l’ont accompagné en 2013, s’impose comme le partenaire privilégié du noyau des lecteurs, le recours évident de tous ceux qui ont, à un moment ou à un autre, le désir ou le besoin de livres. La solidité de la vente à distance, dont on peut regretter qu’elle soit si concentrée, mais qui vient compléter le maillage des points de vente traditionnels, est aussi encourageante.

Le recul persistant de l’activité des hypermarchés et la chute vertigineuse du circuit des grandes surfaces culturelles, synonymes de pertes de clientèle pour le livre, sont en revanche alarmants. Certes, les performances varient fortement d’une enseigne à l’autre. Une part du reflux s’explique par la faillite de Virgin en juin dernier, et désormais par celle de Chapitre. Mais au-delà, les grandes surfaces qui se sont fondées sur l’idée d’allier l’expertise de spécialistes aux atouts marketing de la grande diffusion, avant de resserrer peu à peu leur assortiment et de déresponsabiliser leurs équipes, traversent une profonde crise d’identité depuis qu’un puissant concurrent en ligne peut aligner une offre sans limites tout en déployant des outils de promotion et de pénétration du public autrement plus puissants.

Il faut souhaiter que 2014 soit pour elles, qui ne manquent ni d’atouts, ni de moyens, l’occasion d’une redéfinition identitaire qui replace le livre et la lecture au cœur de leur stratégie et leur permette de retrouver une place spécifique entre la librairie de proximité et le service en ligne. Les difficultés des grandes chaînes n’appellent certainement pas les mêmes réponses que celles qui sont apportées à la librairie indépendante. Il est cependant de l’intérêt de l’ensemble du marché du livre, un marché d’offre qui pâtit toujours de la disparition de points de vente, qu’elles ne soient pas négligées.

27.02 2014

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