Aux confins de la philosophie et des sciences, le temps et la mémoire n'en finissent pas de passionner les hommes. Pour en parler, ce documentaire prend prétexte de la fiction. Des jumeaux de douze ans, Léo et Polina, font une randonnée dans les Alpes suisses lorsque soudain leur mère est entraînée dans une chute vertigineuse. L'addition est à la hauteur : coma prolongé pour la mère, amnésie pour Polina et hypermnésie pour Léo. Une situation que le jeune garçon résume ainsi : il a un trou de deux heures dans sa vie, tandis que sa sœur en a un de douze ans. Mais il a de la ressource. Son idée lumineuse d'écrire tous les jours à sa sœur pour lui raconter leurs souvenirs communs finira par payer. L'occasion pour l'auteure de glisser des fiches documentaires sur la tectonique des plaques, les premiers fossiles humains, le fonctionnement de la mémoire, etc. Et d'égrener des citations, des plus sérieuses (« le temps est l'image mobile de l'éternité immobile », Platon) aux plus loufoques (« la mémoire, c'est du souvenir en conserve », Pierre Dac). Le livre s'est appuyé sur les recherches d'éminents scientifiques comme le neurologue Jean-François Démonet ou Étienne Klein qui nous éclaire sur la théorie d'Einstein. À la fin, la mère se réveille et quand on lui parle de son coma de dix-sept jours, elle se contente de dire que ça ne l'étonne pas. Avant de faire la randonnée, n'avait-elle pas noté que, sur l'horloge de la gare où ils étaient descendus, la petite aiguille marquait une seconde et demie d'arrêt quand elle arrivait sur le douze ? Si ce n'est pas du flegme suisse, ça...