Nouveau totem des bibliothèques au XXIe siècle, le concept de "troisième lieu", derrière lequel s’imagine un nouvel espace de services, a permis de donner un sens à l’élargissement, depuis plus de trente ans, des missions de ces établissements. Longtemps perçues, tels les livres, comme les lieux de la conservation et de la transmission du savoir, les bibliothèques se sont logiquement ouvertes aux supports audiovisuels, compris comme complémentaires. Elles ont, comme les livres, dont les services et les formes se sont considérablement diversifiés, démultiplié leur offre. Aujourd’hui, l’organisation de l’accès au livre, toujours présent, ne constitue plus qu’une des dimensions d’un métier qui se cherche entre l’animation culturelle et ludique, le support intellectuel, le service social, l’accueil pour la rencontre ou le "coworking" ou encore le conseil dans tous les domaines.

De quoi la bibliothèque est-elle le nom? Le congrès de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) abordera la question de front du 7 au 9 juin à La Rochelle en se demandant: "A quoi servent les bibliothèques?" Les bibliothécaires doivent-ils pousser à fond la logique du troisième lieu, en acceptant de répondre à toutes les demandes qui leur sont formulées par des publics qui viennent chercher chez elles des services qu’ils ne trouvent pas ou plus ailleurs, et qui vont parfois bien au-delà de l’accès aux savoirs de toute nature? Ou au contraire poser des limites, et lesquelles? Faut-il faire correspondre aux rôles divers joués par les bibliothèques non seulement des espaces spécifiques en leur sein, mais peut-être des établissements différents éventuellement interconnectés? Les mesures annoncées pour favoriser l’extension des horaires d’ouverture des bibliothèques doivent leur permettre de mieux rendre les services que l’on attend d’elles. Reste à préciser, dans un débat qui concerne, au-delà des bibliothécaires, la société tout entière, lesquels et dans quelle articulation avec les autres services publics.