1927, 1923, 1921, 1895… Pour faire revivre la figure d’Isadora Duncan, Julie Birmant (scénario) et Clément Oubrerie (dessin) remontent le temps. Pourquoi pas ? Après tout, de la vie de la fameuse danseuse née en 1877 à San Francisco, l’épisode le plus connu reste celui de sa mort tragique, le 14 septembre 1927 à Nice, étranglée par son châle de soie dont la pointe s’emmêle dans les rayons de la roue arrière de l’Amilcar GS dans laquelle elle a pris place. Les auteurs de Pablo (Picasso), déjà chez Dargaud (quatre tomes entre 2012 et 2014), l’expédient en quatre pages pour mieux se concentrer sur l’avant, et quel avant !
Danseuse aussi passionnée qu’autodidacte, Isadora Duncan doit se battre sur deux fronts. Elle aide à nourrir sa famille, soudée mais ébranlée par l’échec du père dans la banque, bientôt suivi par le divorce des deux parents. Elle s’efforce d’imposer une vision de son art qui la place aux origines de la danse contemporaine. Commence alors une transhumance de la côte Ouest à la côte Est des Etats-Unis, puis à l’Europe, une conquête de l’Ouest à l’envers que le titre de l’album, à la Sergio Leone, traduit en même temps que la trajectoire de l’artiste, toujours sur le fil ténu entre tragédie et farce. Au-delà, ce premier tome d’Il était une fois dans l’Est (il y en aura deux) porte un joli regard sur une époque de mutations, en particulier dans la Russie du tout début des années 1920 où Isadora Duncan crée une école de danse et épouse (brièvement), le poète Sergueï Essenine. Fabrice Piault