Grand lecteur de romans noirs, François Grosso, éditeur et fondateur des éditions du Chemin de fer, a décidé de lancer « Train de nuit », une nouvelle collection dédiée au genre. Le label s’ouvrira le 10 mai prochain avec le titre Les Jours de la peur de l’écrivain italien Loriano Macchiavelli.
« Ça fait longtemps que je voulais travailler sur le genre, et notamment sur le polar italien qui prend de l’ampleur dans les années 1970, en même temps qu’un mouvement de contre-culture politique et idéologique », raconte l’éditeur à Livres Hebdo. À l'époque, c'est précisément Loriano Macchiavelli qui donne au « Giallo », roman policier italien reconnaissable à sa couverture jaune, une nouvelle noirceur. Appelée « Bologne noire », cette mouvance littéraire, qui se veut synonyme d'opposition, s'inscrit en même temps dans le contexte des douloureuses et violentes années de Plomb (Anni di piombo en italien).
Romans noirs du Sud
« C’est une période dont on imagine assez mal la complexité en France », décrypte François Grosso, citant comme événement majeur l’attentat de la gare de Bologne, en août 1980. « Pour traduire cette idée-là du roman noir, on trouvait intéressant de partir de Bologne et de l’œuvre de Loriano Macchivelli, considéré comme l’inventeur du genre en Italie et qui fait figure, aujourd’hui, de résistance à l’extrême-droite, de conscience politique et symbolique de l’opposition ».
Avec Les Jours de la peur, paru à l'origine en 1974, Loriano Macchiavelli situe en effet son récit dans ces années de bascule, lorsque le deuxième attentat d'une longue série frappe Bologne et détruit le centre de transmission de l’armée, faisant quatre morts et de nombreux blessés. Un épisode dramatique sur lequel l'anti-héros de l’auteur, Sarti Antonio - sorte de « Maigret italien » que l’on retrouve dans une trentaine de romans et qui fête son 50ᵉ anniversaire cette année -, va enquêter.
« Je tiens absolument à publier les premiers romans de sa série, notamment ceux des années 1970-1980 », déclare l’éditeur, qui prévoit un prochain Macchiavelli pour début 2025. Mais le catalogue de la collection s’ouvrira aussi à d’autres polars étrangers, dont la forme a été soigneusement pensée avec quelques pages d'ouverture illustrées, à raison d’une à deux parutions par an. Préférant les romans noirs du Sud, l’éditeur y voit, contrairement aux polars norvégiens ou suédois très en vogue sur le marché, « un noir au sens politique du terme, qui peut être le lieu d’expression d’un contre ».