4 novembre > Roman Allemagne > Ralf Rothmann

La guerre ne se raconte pas, elle se vit. Parfois, se sont les descendants qui prennent la parole pour mettre fin à un mutisme pesant. Ralf Rothmann fait partie de la nouvelle génération d’écrivains allemands. Ce poète, novelliste, dramaturge et romancier est perçu comme une référence dans son pays, notamment grâce à Mourir au printemps. Dans ce texte violemment réaliste, le narrateur tente de percer le mystère de son père. "C’était la gravité de celui qui a vu des choses plus pénétrantes et qui connaît plus de la vie qu’il n’est capable d’en dire."

Qu’a donc perçu ce brave minier, "assombri par son passé" ? Walter n’a que 17 ans, lorsqu’il est enrôlé dans l’armée du Reich. En cette année 1945, les troupes s’effilochent à l’Est, alors il faut stopper l’hémorragie. Les jeunes recrues de la Waffen-SS ont une vision faussée de la guerre, mais après un entraînement sommaire, direction le front hongrois. "Toute la région n’est qu’un cimetière de soldats." Ici, les civils servent à les nourrir et à les loger avant qu’ils soient liquidés. La gloire et l’honneur ne s’avèrent que des concepts.

Walter et son copain Fiete pensaient incarner l’héroïsme, alors qu’ils laissent derrière eux une traînée de cadavres ou de scènes macabres. Leurs chemins se séparent momentanément, mais l’amitié peut-elle résister à la violence de la survie ? Seule la correspondance entre le protagoniste et sa bien-aimée nous offre une respiration, pleine d’humanité. Croire en l’avenir est-ce un délire ? Impitoyable, Rothmann nous entraîne dans la laideur et les leurres de la guerre. Impossible d’en sortir indemne. K. E.

 

21.10 2016

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