15 mars > Roman Argentine > Pedro Mairal

L’Uruguayenne est un roman d’une drôlerie douce-amère où un écrivain de Buenos Aires, au milieu de la quarantaine, raconte la succession de mésaventures, de déconvenues plus ou moins graves qui se succèdent le temps d’une journée à Montevideo, la capitale de l’Uruguay. Paru en 2016 en Argentine et en Espagne, c’est le troisième roman traduit en français, depuis Une nuit avec Sabrina Love (Rivages, 2004, prix Clarín 1998), du poète et scénariste Pedro Mairal, qui figurait en 2007 sur la liste des 39 meilleurs auteurs latino-américains du Hay Festival de Bogota.

Le récit, écrit un an après cette journée bascule (on ne comprend qu’à la fin quelles en ont été les suites et conséquences), s’adresse à la compagne du narrateur, la mère de son fils de 6 ans. Endetté, mal dans sa vie, cet écrivain porteño en panne prend un matin le bateau pour traverser le Río de la Plata et venir retirer à Montevideo 15 000 dollars en liquide déposés - pour échapper au change officiel et dissimuler la somme aux impôts argentins - dans une banque uruguayenne et correspondant à l’avance sur deux contrats pour l’écriture d’un roman et d’un recueil de chroniques. A cette motivation financière s’ajoute le désir de retrouver Guerra, une très jeune Uruguayenne, "une fille menue à l’énergie terrestre" qui lui a fait tourner la tête un an plus tôt dans un festival littéraire dans une station balnéaire et à qui il a fixé rendez-vous par mail. Cet aller-retour est donc chargé d’une tension érotique et de fantasmes, et c’est dans un état d’excitation, mêlé de peur (la crainte un peu paranoïaque de se faire voler), et de culpabilité qu’il débarque dans la capitale de cette petite Suisse latino aux allures provinciales où tout lui paraît assez exotique. En quelques heures, après avoir récupéré son argent, il boira du whisky, fumera de l’herbe, louera une chambre dans un quatre étoiles, se fera tatouer et achètera un ukulélé. Tout en mettant à l’épreuve ses certitudes sur le couple, la paternité, la loyauté et la traîtrise. Une tragi-comédie où l’on peut à la fois éprouver "une tristesse d’amour tout frais" et la mélancolie de l’amour usé. Véronique Rossignol

09.03 2018

Les dernières
actualités