23 août > Roman France > François Médéline

Tout commence là où tout, parfois, finit, au Panthéon. Par un dimanche gris de décembre 2018. Un dimanche en mondovision, un de ces dimanches où l’histoire - celle de France au moins - prend ses aises, puisque c’est le monarque républicain que l’on pleure, un président de la République assassiné, Emmanuel Macron. Autour de la dépouille de "Jupiter" rendu aux dieux, Brigitte sa femme, telle une Jackie qui n’attendrait pas Onassis, et un petit bonhomme sans grâce, qui est en droit d’espérer que le grand vent de l’Histoire, passant par là, l’exhausse, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb.

Tel est le point de départ de Tuer Jupiter, l’intrigant troisième roman de François Médéline (après La politique du tumulte, La Manufacture de livres, 2013, réédité en août 2018, et Les rêves de guerre, même éditeur, 2014). Point de départ et non d’arrivée, puisque le récit va aller à rebours et permettre de découvrir peu à peu, telle une toile d’araignée tissée de causes et de conséquences, les raisons du complot ayant permis l’élimination du jeune président. Est-ce à dire que le lecteur ne serait plongé que dans un classique récit spéculatif de politique-fiction? Pas tout à fait, ou du moins, en partie seulement. Si François Médéline se glisse avec une évidente jubilation dans les habits du genre, son propos est d’abord de se livrer à une libre variation, absolument romanesque, autour des usages nouveaux du pouvoir, des ambiguïtés de la révolution technologique en cours, de ce nouveau monde dont les buts n’ont, eux, rien de nouveau. Si le postulat narratif, l’assassinat d’Emmanuel Macron donc, peut gêner, il n’est qu’un MacGuffin qui sert de support à une vraie interrogation sur les impostures et faux-semblants du réel dans un monde voué à sa virtualité. O. M.

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