La nouvelle du rachat, début juillet, de Thalia, la plus grande chaîne de librairies allemande avec 280 points de vente outre-Rhin, mais aussi en Autriche et en Suisse, a été une surprise. Le secteur des librairies allemandes est plus familier des mauvaises nouvelles (faillite de Weltbild, réductions d’effectifs et de surfaces) que des grandes manœuvres. Mais derrière cette opération conduite par un consortium d’investisseurs dirigé par l’éditeur Herder, il y a une affaire de familles.
Le nouveau propriétaire n’est pas un inconnu : Manuel Herder a pris la tête en 1999 d’une famille présente depuis sept générations dans le monde du livre. La maison qui porte son nom a été fondée en 1801 à Fribourg, dans le Bade-Wurtemberg. Spécialisée dans les thématiques religieuses et pédagogiques, elle revendique 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ironie du sort, les Herder avaient vendu il y a vingt ans deux librairies à la famille Kreke, qui les avait incorporées au sein de la marque Thalia.
Avec un chiffre d’affaires estimé à 960 millions d’euros, Thalia quitte donc le giron d’une holding regroupant le fonds d’investissement Advent International et la famille Kreke, propriétaire de Douglas International (groupe connu, outre Thalia, pour ses parfumeries et ses bijouteries). Advent avait pris le contrôle du groupe il y a quatre ans, et s’était peu à peu délesté de ses différentes activités. Ne restaient plus que Thalia et ses 4 000 salariés.
Le montant de la vente n’a pas été communiqué. Entrent également au capital un entrepreneur du secteur numérique, Leif Göritz, ainsi que le P-DG de Thalia, Michael Busch, qui conserve son poste. La famille Kreke demeure actionnaire minoritaire du groupe.
Ses nouveaux propriétaires ne souhaitent pas modifier la stratégie de la chaîne, dont Manuel Herder estime qu’elle "a toujours apporté la preuve de sa capacité à reconnaître très tôt les tendances et changements de la branche". Thalia semble en tout cas s’être stabilisée grâce à un environnement commercial repensé et des surfaces de ventes réduites. Si Manuel Herder veut renforcer la complémentarité de ces dernières avec le site de vente en ligne Buch.de, qui appartient également à Thalia, sa maison d’édition pourra également muscler sa présence numérique en s’appuyant sur les infrastructures du groupe.
Gilles Bouvaist, à Berlin