Engagé, le dramaturge austro-hongrois Odon von Horvath a longtemps mis en garde contre les dérives fascistes. Si bien que ses ouvrages font parti de ceux qui ont été brûlés par les nazis. Exilé à Vienne puis à Paris, il publie Jeunesse sans Dieu en 1938 qui vise explicitement l'embrigadement de la jeunesse par la propagande nazie. Un thème qu'il décline dans Un fils de notre temps, achevé peu avant sa mort.
D'actualité
Ce roman évoque l'embrigadement d'un soldat dans l'idéologie nazie. Le héros de l'histoire est chômeur, vit dans un pays en crise et méprise son père, serveur dans un café. Fasciné par l'espoir d'un monde plus simple, fraternel et généreux où il croit trouver un sens à sa vie, il s'engage dans l'armée nazie où il obéit aveuglément aux ordres. Entraîné dans un univers peuplé d'horreurs et de montres, il tue par un réflexe de défense avant de se rendre compte de l'inhumanité de son engagement.
L'adaptation contemporaine de l'œuvre voit se succéder quatre jeunes acteurs pour donner corps au monologue du soldat qui, à lui seul, fait résonner la perte de repère d'une génération sacrifiée.
Publié en France chez Bourgois en 1988 et réédité en poche à trois reprises chez 10-18 et chez Gallimard, Un fils de notre temps reste terriblement d'actualité et souligne les crises identitaires, la confusion et les inquiétudes sourdes. Le roman a également été adapté sur petit écran en 2003 par Fabrice Cazeneuve, avec Jérémie Renier (Le silence de Lorna, Saint Laurent, L'Amant double) dans le rôle principal.