Christian Le Bart.- Photo MAISON DES SCIENCES DE L’HOMME EN BRETAGNE

"Pour un homme politique, un livre permet surtout d’accéder aux médias. Qu’il y ait des lecteurs, c’est presque accessoire si la publication a suscité assez d’interviews", analyse Christian Le Bart, professeur à l’Institut d’études politiques de Rennes et auteur d’une étude pointue sur La politique en librairie (Armand Colin, 2012). En cas d’élection présidentielle, le seul qui peut se permettre d’éviter cette figure imposée est le sortant : il n’en a pas besoin pour sa notoriété et "il n’est pas évident d’avancer qu’un président en exercice écrit un livre, ou alors il faut avouer qu’il ne s’en est pas chargé lui-même", note Christian Le Bart. Il reconnaît ne pas avoir lu les 210 titres composant le corpus de son étude, mais "ils ne les ont pas tous écrits eux-mêmes", se dédouane-t-il. En 2012, Nicolas Sarkozy n’avait pas publié le livre initialement attendu.

"Ce qui est intéressant, c’est le paratexte, le contrat de lecture proposé par la présentation du livre et de son auteur", estime Christian Le Bart, qui observe à la fois la banalisation du genre et le désintérêt pour les livres programmatiques au profit de la personnalisation des auteurs. A cet égard, la démarche d’Alain Juppé s’inscrit à contre-courant.

Sous le ton neutre du chercheur, l’analyse de Christian Le Bart est souvent sévère pour une production qui relève "des instruments de marketing destinés à servir la carrière de leurs (supposés) auteurs", écrit-il. Un livre permet aussi de contourner les filtres habituels du milieu, de construire une image et "de grimper plus vite dans le cocotier de la vie politique" : Christine Boutin, Bruno Le Maire et Jean-Luc Mélenchon en sont des exemples. H. H.

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